Derrière un indiscutable académisme esthétique (très caractéristique a priori du cinéma chinois "officiel"), "Adieu Ma Concubine" dissimule, pour notre plus grand plaisir, un récit ambitieux, entremêlant trois sujets : une tumultueuse histoire d'amitié (et d'amour), la vision d'un demi-siècle d'histoire de la Chine, et une réflexion sur l'opposition (irréconciliable) entre la permanence du théâtre, figée dans l'imaginaire, et la fugacité de la vie "réelle". Mais les ambitions de Chen Kaige sont aisément transcendées par l'interprétation de Leslie Cheung et de Gong Li, tous deux magistraux de finesse et d'ambigüité, et principaux vecteurs de l'émotion intense des meilleures scènes du film. [Critique écrite en 1993]