Au loin, les nuages sombres...
Premier film de Jacques Rozier (et découverte de son cinéma pour moi), Adieu Phlippine appartient au courant de la Nouvelle Vague. Produit par Jacques Beauregard, ce dernier a été conseillé par Godard sur le choix de Jacques Rozier afin de faire un film dans la même veine que A bout de souffle (rapide, pas cher et qui rapporte gros).
Adieu Philippine est un instantané de la jeunesse de 1960, celle qui veut vivre intensément, mais dont la guerre d'Algérie est sur toutes les lèvres. Le film raconte la passion entre deux femmes et un homme, lequel n'arrive pas à choisir, mais il sait qu'il va partir prochainement en Algérie.
Les conditions de tournage étant très particulières (pas de script, dialogues entièrement postsynchronisés, tournage qui a pris des mois, pas d'argent...), le film se vit comme une ballade, avec la visite du Paris de l'époque, et de la province, avec des très beaux plans sur la Corse.
D'une certaine façon, le film est contemporain de Les bonnes femmes, dans la description libérée des femmes, qui veulent vivre par elles-mêmes, et des Parapluies de Cherbourg, avec ce sous-texte sur la guerre d'Algérie.
L'histoire aurait pu durer une heure ou trois heures de plus, car le film est pour beaucoup constitué de scénettes, toutes pas toujours pertinentes, mais avec le recul du temps, offre l'occasion de voir ce à quoi aspiraient les jeunes, et c'est d'autant plus fort que les comédiens du films sont en grande majorité des débutants (excepté des figures comme Vittorio Caprioli ou Maurice Garrel).
Et oui, les mœurs ont changé, et en boite de nuit, on ne passait pas de la musique électro, mais du cha-cha-cha ou du rock !
C'est aussi pour ça que ce film m'a intéressé, en plus de la fraicheur de ses comédiens, mais on voit bien aussi l'ambiance légère du début s'alourdir au fur et à mesure car peu importe le choix du jeune homme, il sait que de toutes façons, il va être appelé et peut ne jamais revoir celle qu'il a choisi...