"When every college turned them down... they made one up"
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai une tendre affection pour les teen-movies des années 1990-2000. C'est peut-être parce que, à mon adolescence, je devais aller chercher du bois sous la neige, armé d'un seul tire-bouchon pour me défendre contre des loups et des sans-abris avinés. Ou alors, c'est parce que j'aime bien les affiches avec des gros seins dessus. Même quand le film est un peu plus subtil que ça. Mais il faut croire que la vulgarité fait vendre, je suis dans le lot. Néanmoins, l'accroche de la version française, "Le film qui ressemble à American Pie...en pire" est bien trompeur. Laissez-moi vous dé-tromper.
"B", incarné par Steve Long, est recalé à toutes les universités auxquelles il a postulé. Ne supportant plus le mépris et la déception des parents, il décide de s'inventer une université. Par la force des choses, il sera amené à créer un site web puis à occuper des locaux dans un ancien asile psychiatrique. D'abord rejoint par ses amis, dont son meilleur ami joué par le grassouillet Jonah Hill des débuts, ce sont finalement des centaines d'étudiants qui vont débouler. Et aboutir à la création d'une "vraie" université, mais pas vraiment orthodoxe.
En voilà un sujet ! Quand l'éducation traditionnelle ne suffit plus, pourquoi ne pas réinventer le modèle pour des jeunes à la marge ou qui désirent autre chose ? Sans tomber dans la critique politique, sans passer pour un hippie, il y avait matière à apporter une profondeur au film qui lui fait défaut. Vous avez tous déjà eu cette désagréable impression quand une oeuvre survolait son potentiel. C'est bien là tout le drame de ce film.
Sans se projeter dans le "comment ce film aurait dû être", il n'en reste pas moins que ce film reste aussi terriblement conventionnel. Alors que nous avons une université auto-gérée par de jeunes étudiants, tout est terriblement bon enfant, pour ne dire que le film est pétri de bons sentiments. Le spectateur rigole un peu, se laisse gentiment porter par le film. Justin Long, qui a 28 ans au moment du tournage, arrive à nous convaincre qu'il a dix ans de moins. Adam Herschman est hilarant, dans son rôle d'étudiant pas très intelligent, inspiré par le rôle de John Belushi dans National Lampoon's Animal House. Maria Thayer est l'une des plus belles rousses du cinéma. Mais non.
On ne m'ôtera pas de la tête qu'il aurait été possible de faire un film bien meilleur, bien plus intelligent. Ou alors, soyons fous, faire dans la surenchère, dans la potacherie. Plutôt que cette production si consensuelle qu'elle en devient fade. Au moins, la pellicule suivante du réalisateur Steve Pink, Hot Tub Time Machine, est autrement plus piquant, malgré certains défauts. Je vous le conseille, plutôt que ce film.