Il y a quelque chose d'assez vicieux dans la nostalgie, elle embellit les choses, les gomme, les arrondit, jusqu'à donner une vision positive de choses n'ayant pour autant pas été ressenties comme telles au moment où elles ont été vécues. Jouer sur mes sentiments comme il le fait fait-il pour autant d'Adolescentes un mauvais film ? La réponse est non, mille fois non. De sa première à sa dernière minute, la caméra de Sébastien Lifshitz caresse son sujet avec une douceur sublime, brouillant les pistes entre documentaire et fiction, altérant même la sensation du temps, il y a un aspect impressionniste dans cette galerie de lieux qu'on voit se transformer progressivement, au rythme des deux filles dont on suit l'existence. Tout sonne vrai dans Adolescentes, on a tous vécu ces situations, il n'y a pas de narration, on les voit juste vivre, et rien que ça suscite une émotion phénoménale, tant Lifshitz crée en permanence un attachement phénoménal à son sujet. Au final, Adolescentes c'est touchant, gênant, beau, doux, parfois amer... La vie quoi. Alors je crois que de ces cinq ans, de ces deux heures je garderai un souvenir dans un coin de ma tête, comme une vieille carte postale oubliée sur une étagère, et j'y repenserai avec nostalgie. Parce que c'est pas si mal que ça, la nostalgie.