Entre Limoges et Montauban,entre Bordeaux et Clermont Ferrand ,une ville de Corrèze: Brive-la-Gaillarde (et son maire Les Républicains réélu maire au premier tour en 2020), champ principal de l'action de ce documentaire filmé (le documentaire non filmé n'est que seul privilège des yeux humains).
Deux filles, filmées entre 13 et 18 ans (500h de rush comme il est rappelé partout pour 2h15 de film), Anaïs et Emma; deux amies issues de deux milieux disparates, l'une d'un milieu populaire et placée un temps en famille d'accueil, l'autre, fille unique d'un milieu plus enclin à pouvoir favoriser les études de sa progéniture à la mère dirigiste et au père absent.
Bien que montrant que du capital intellectuel dépend beaucoup le devenir de chacune, la projection ne circonscrit pas le récit du réel en une fable au pathos prononcé puisqu'elle raconte surtout l'adolescence féminine et le passage à l'âge adulte dans les années récentes. La contemporanéité confronte ainsi et le spectateur et les héroïnes aux attentats de 2015, filmant les réactions en milieu scolaire devant le noir dessein nihiliste et aux résultats des présidentielles de 2017 dans les 2 familles.
Jamais voyeuriste bien qu'il traite parfois de l'intime (décès, premières fois, rupture amoureuse, incendie), les 2 adolescentes évoluent sous le regard des spectateurs, faisant oublier la caméra tout en jouant avec elle à travers des réactions qui seraient nécessairement différentes en son absence.
Une piscine tubulaire Intex, un centre ville désertifié, un sandwich anniversaire, le lac du Causse, des professeurs parfois dépassés, des bus pris matinalement pour arriver à l'heure, des discussions sur les garçons (''Esteban c'est 20 direct"), Niska (''Pouloulou") ou Mon amant de St Jean résonnant, le Mont doré derrière une vitre d'automobile, des commentaires à propos d'un bulletin, des rendez vous orientation avec les enseignants, des cours de chants ou de théâtre: la réalité submerge l'écran, au détriment de la passion.
Le documentaire parfois laisse place à un peu d'ennui face à des problèmes trop communs ou à de l'ulcération face aux nombreuses interventions autoritaires et possessives de la mère d'Emma (dont la voix est un mélange entre celles de Genevève Darrieusecq et d'Hélène Monsérie-Bon) même s'il est incontestablement très bon lorsque pris en sa globalité.
Et ne ratez pas cette scène magistrale d'Emma au visage éblouissant, dansant sous les éclats de lumière.