Aaarg.

Ne PAS prendre la note en considération, elle sera toujours de 5.

Au mieux méprisable, au pire dangereux, ce film n'est définitivement pas mauvais.Un comédie dont tous les gags ont été testés et approuvés quelques milliers de fois, pour un esprit manifestement raté. Explication : le film mise sur l'adhésion aux bons sentiments primaires et s'engouffre dans un marasme idéologique qu'on ne peut résolument pas accepter aujourd'hui. Sous couvert d'ouverture entre générations, et classes, le film est incapable de s'élever à la moindre aspiration sociale, et même si le réalisateur et les multiples scénaristes sont plein de bonne volonté, ils sont étriqués dans leur idéologie. Et ça fait peine à voir.

Ils ne font pas le job :
- le running gag • Symptomatique de la pauvreté intellectuelle de l'ensemble, voir un beauf ne jamais réussir à refourguer ses deux escort girls est censé vous faire rire. Crédibilité : non, appel de pied pour rire beauf : oui. Note : le summum est atteint dans le quiproquo sur l'homosexualité, qui est censé être bidonnant puisque t'imagine quoi hey une relation homosexuelle putain c'est trop drôle quoi. Affligeant.
- le climat social • A travers les galères du vivre-ensemble les personnages n'aspirent - et n'aboutissent - qu'à un petit confort stable, voire rentable : le riche veuf trouve son confort dans la constitution d'une petite famille peinarde à la bonne vieille campagne, dans une bonne vieille maison en plus de son appartement ; l'étudiante qui fait une colloc' réussit à en faire commerce dans la démarche la plus capitaliste qui soit, les célibataires coincés et riches trouvent leur appartement à deux, parce que ah bah eux de toute façon ils ont de la thune, et ainsi le film évite complètement la moindre réalité de son sujet. Société : 0, capitalisme : +1000
- les personnages • La figure paternelle légitimée par ses possessions matérielles, son âge, son grade professionnel : présent. Ses intuitions sur le surfer qui a sillonné le monde, donc nécessairement malhonnête : confirmées. L'étudiante qui a voyagé aux quatre coin du monde, donc qui a du bagou, donc qui emmène le vieux en boîte, donc qui est attachante : présente. Le juriste et la médecin, intellectueux donc nécessairement coincés, préoccupés par des causes matérialistes bidon : présents. Leur couple de célibataires trentenaires partageant un moment ensemble qui va nécessairement aboutir à ce qu'ils vivent ensemble : effectué. Soumission au schéma patriarcal : +1 000 000. (big up à la nana qui remercie son mec d'avoir poussé une araignée, les féministes du monde te remercient) Originalité : - 5 000 000.

Ils font (quand même) le job :
- les acteurs/actrice • André Dussolier, Bérengère Krief, Panayotis Pascot (malgré son tout petit rôle, mention spéciale pour lui) rien à dire, ils servent bien leurs personnages, et font tout le film. Tout ce qu'il y a de bien du moins.

Je ne pense vraiment pas que ce film soit mal intentionné et d'ailleurs l'ensemble du contexte de la collocation semble être un vague prétexte à enclencher la machine à (sous-)rires, plus qu'à faire sentir un mode de vie et d'économie dans notre monde en transformation. Mais ce manque de présence sinon de lucidité sur le sujet est passablement écœurant. Toute création est politique, notamment parce qu'elle est ancrée à un contexte. Ici, la forme est bonne, mais le fond passe (vraiment) mal.