J’ai adoré ce film car, dès ses premiers instants, Adoration nous présente un monde marqué par une fragilité indispensable dans l’univers que crée Fabrice du Welz. En effet, elle est symboliquement incarnée par ce petit oiseau blessé au milieu des bois, qui va recevoir l’aide d’un ange protecteur, Paul. Le réalisateur dresse alors une magnifique image que celle d’un enfant prenant soin d’un animal en détresse, cela avec d’autant plus de gentillesse et de bienveillance que l’on croirait se situer dans une sorte de jardin perdu, dont les enfants garderaient une trace, malheureusement éphémère.
En effet, le monde des adultes ne donne pas la chance aux enfants de garder cette innocence. Paul essaie donc de soigner ce monde, faisant magiquement parler les oiseaux dans une affection partagée avec le spectateur et enfantine.
C’est également dans les bois que Paul croise la route d’un autre ange, Gloria. Qui est comme un oiseau blessé, tombé d’un arbre. Son regard est pourtant différent, comme si cette jeune fille avait déjà connu une vie entière avant de rencontrer le jeune Paul. Gloria, a une vie marqué par la mort, la souffrance, le mal, contrairement à Paul qui est encore étranger à ces choses là. La jeune fille est alors munie de plus d’expérience de la vie que lui. Son altruisme se transforme alors en un amour inconditionnel pour Gloria : une Adoration. Cette relation sera désormais la base d’une tentative de lutte contre l’injustice des adultes, symbolisée par la mort de ce petit oiseau soigné par Paul au début du film.
De plus, Parmi eux, se trouve le personnage de Benoît Poelvoorde (immense prestation, sans doute son plus beau rôle), laissé seul gardien d’un parc aquatique qui n’existe pas, après le décès de sa femme. Ce tatouage d’un oiseau recouvrant son dos, qui complète le personnage de Benoit Poelvoorde, témoignant de cette communion vitale qu’il fait chaque jour avec la nature, afin d’entendre à nouveau, la voix de sa compagne. Nous pourrions presque voir une projection de Paul dans plusieurs années, retrouvant ses oiseaux après la fin d’un amour passionnelle et brutale.
Ensuite, cette image granuleuse, donne au film un côté secret, car la caméra a l’épaule va suivre les personnages tout au long de l’histoire en créant brusquement des zooms, pour accentuer cet effet de recherche d’expressions et d’émotions sur les visages des acteurs.
Enfin, Tout est beau dans Adoration, car tout s’allie vers cette quête désespérée de la tendresse. Thomas Gioria et Fantine Harduin sont de magnifiques interprètes, portant dans leur regard une authenticité bouleversante.