Crise de nerfs en Afghanistan
Réalisé juste après le retrait des troupes Soviétiques de l'Afghanistan, Afghan Breakdown est sans aucun doute le meilleur film à mettre en scène le conflit qui opposa l'Union Soviétique aux troupes "rebelles" Afghanes.
Dés les premières minutes, le ton est donné. On assiste à la fin d'un raid de Muhjaideens contre un convoi Soviétique où les rescapés sont impitoyablement exécutés. Quand les secours arrivent et qu'ils parviennent à attraper un des assaillants, leur traitement du prisonnier n'a rien de plus enviable... Tout le conflit Afghan est là. Une guerre sale, sans gentils ni méchants. Le reste du métrage souligne constamment cette atmosphère désespérée et désabusée.
Il est d'ailleurs étonnant de voir à quel point le film de Vladimir Bortko a le recul nécessaire pour analyser les différentes facettes humaines du conflit, ce à peine un an après la fin de la guerre. Que ce soit la perte des idéaux ou de repères des soldats Soviétiques, l'opportunisme commerçant de certains d'entre eux ou encore, paradoxe de la situation, leur peur du retour au pays, la palette de sentiments est parfaitement illustrée.
Bien que moins d'attentions soit (logiquement) porté sur les Afghans eux mêmes, ces derniers ne sont pas complétement oubliés (voir la scène du repas entre les officiers Russes et leur alter égo de l'armée Afghane où ce dernier ne fait qu'acte de présence avec une gène difficilement dissimulée). Le personnage du traducteur occupe même une place centrale, figure tragique d'un Afghanistan en quête de modernité, humilié et déchiré par chacun des deux camps en présence.
La réalisation de Vladimir Bortko fait bon usage des paysages arides du Tadjikistan voisin, parvenant à nous faire ressentir la chaleur et la poussière omniprésente du pays, facteur aggravant de la fatigue mentale des personnages. Sans fioritures ni effets voyants qui n'auraient pas leur place au vu du réalisme ambiant, il capte avec simplicité les émotions de ses personnages et rend justice à l'ampleur des opérations militaires (impressionnant final).
Co-production Italienne oblige (un cas de figure qui n'a rien d'inédit, voir le Waterloo de Bondarchuk), le rôle principal est dévolu à l'acteur transalpin Michele Placido. On aurait pu craindre que sa présence où son jeu soit en complet porte à faux avec le reste du casting et le thème du film. Etonnament, il n'en est rien. Au contraire, l'acteur a tout compris à son personnage de Major Bandura, un soldat qui essaye garder le cap et les quelques valeurs morales qui lui restent dans un monde chaotique où la confiance n'existe pas. Sa prestation toute en retenue, irradiant d'un spleen typiquement slave, sied parfaitement au personnage et au film.