Ayant beaucoup aimé "les Garçons sauvages", un de ses précédents films, c'est avec beaucoup d'attente que je suis allé voir After Blue.
Formellement, je savais que j'allais voir un Mandico, donc je ne découvrais pas comme d'autres spectateurs ici, son univers visuel et symbolique, sa manière de filmer, les décors, les corps, les plantes, les sécrétions, ses sujets de prédilection. Sans l'effet de surprise, je trouve donc de nombreux défauts à ce film.
Tout d'abord le western, exercice assez lourd avec une intrigue souvent plus que basique. C'est le cas ici. Je crains que le coté binaire du bon et du méchant, ne puisse bien se diluer dans l'univers au combien non binaire du cinéma de Bertrand Mandico.
Coté bande son, il a beaucoup trop chargé la mule, c'en est fatigant et ça dessert le film parfois. Par exemple sur le gag de "tuer son cheval en écoutant du disco".
La partie mythologique/psychique m'est restée complètement hermétique. Comment rendre l'univers onirique des personnages crédible lorsque le vécu est complètement barré ? Le monde des rêves est par définition "barré" et n'obéit à aucune règle. Il contraste de fait avec le vivant plus attendu. Ici, il n'y a pas de distanciation suffisante entre le réel baroque et le monde intérieur des personnages pour que je puisse renter dans ce film. Les désirs, construction mentales, et pulsions étaient basiques. Des éléments trop explicites et surlignés enlèvent la magie et la liberté de recevoir le film.
Mandico dans ce film tente de s'essayer à l'humour. Il m'a laissé perplexe. Le nom des armes, les marques de luxe, le délire sécuritaire.
Toutes ces petites choses font que j'ai survolé "After blue" sans réussir à m'y poser.
J'ai été fasciné par la présence et la force du jeu du cheval. Une jument je crois ? Il(elle) mériterait le César du meilleur rôle animal.
Merci enfin aux deux spectatrices prises d'un interminable et puissant fou rire en sortant de la projection. Je crois que le film leur est passé encore plus haut que moi !!! Je suis d'ailleurs surpris par les critiques qui taxent ce réalisateur de misogynie, là, c'est moi qui éclate de rire.
Je crois que pour ce nouveau film de Mandico, j'avais trop d'attentes après son génial long métrage précédent.