J'ai été enchanté par After Hours qui réussit l'exploit, en partant d'un postulat très simple (un jeune homme timide n'arrive pas à rentrer chez lui le temps d'une folle nuit), de proposer une histoire terriblement originale et de qualité.
Les personnages sont marquants et consistants (notamment Linda Fiorentino, inclassable et un peu sortie de nulle part), bien aidés par un scénario inspiré. Sans toujours savoir où le réalisateur souhaite nous emmener, on prend beaucoup de plaisir à suivre ces différentes rencontres, chaque acteur habitant son personnage à la perfection (John Heard, acteur que j'apprécie, est également très bon).
La réalisation et le montage, simples et d'une redoutable efficacité (et loin du "maniérisme" scorsesien avec son montage elliptique et une musique rock plein les oreilles - vu notamment dans ses films de gangster), confèrent au film une énergie communicative où l'absurde et l'inquiétant s'entremêlent constamment pour nous emmener de surprises en surprises.
J'ai vu en After Hours un mélange jouissif entre Alice au pays des merveilles (pour son côté loufoque et la bascule "de l'autre côté du miroir" vers un monde inconnu), Eyes Wide Shut (pour sa description des différentes rencontres avec le sexe opposé , source de potentielles tentations toutes vouées à l'échec - cette fois-ci du fait du personnage principal) et le roman de Jay McInerney Journal d'un Oiseau de nuit (pour le côté errance dans le Manhattan des années 80 - le côté destroy en moins) publié un an avant. L'emploi de la musique est très approprié (notamment le fameux "Air sur la corde au sol" de Jean-Sébastien Bach) et sert parfaitement l'histoire du film.
After Hours nous prend par la main dès les premières minutes pour ne nous lâcher qu'au générique final et ce "retour à la case départ" salvateur pour Paul.
Un film drôle et décalé, intelligemment raconté et esthétiquement irréprochable : une réussite !