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le 1 févr. 2023
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L'odeur estivale envahissant les narines, un rayon de soleil traversant la véranda, la fraicheur de cette eau translucide teinté de chlore dont l'essence même devient presque indispensable en ces périodes de chaleurs insoutenables. Nous avons tous nos souvenirs de ces moments, ces instants de grâce éphémère qui sont comme marqué au fer rouge dans notre mémoire. Pourtant ce ne sont que des bribes, la mémoire occulte et ne retient que le meilleur.
Aftersun n'est au final qu'une ode à ces moments que nous chérissons. Une ode certes, mais également un requiem. Dans ce premier long métrage de Charlotte Wells, la réalisatrice nous compte les moments passé ensemble de Sophie et Calum lors de vacances estivales passés en Turquie. La particularité de cette histoire : nous la découvrons petit à petit au travers de cassette VHS enregistrées par la jeune Sophie. En effet, si nous pouvons assister à ce récit, c'est par ce que la Sophie âgée de 31 ans se replonge dans cet interstice naïf de sa vie. Naïf oui c'est le mot, car en dépit de sa maturité pour son jeune âge (elle a 11 ans lors de ces vacances) la pré adolescente ne prend pas conscience des tourments qui habitent l'esprit de son père. Cette absence de conscience est pleinement mise en avant dans un plan scindé en deux, mettant la fille entouré de couleurs chaleureuses d'un coté, et le père avalé par la pénombre alors qu'il tente d'enlever le plâtre qu'il porte sur le bras. Si l'on comprend assez rapidement que Calum ne semble pas être complètement investis dans ses vacances, c'est bien que dans un premier temps le point de vue est celui d'une jeune fille profitant d'un voyage père-fille en Turquie.
Sophie à désormais 31 ans, et si elle redécouvre sa mémoire, c'est bien afin de comprendre son père. C'est là d'ailleurs que la réalisation se distingue de par son ingéniosité, car si Sophie veut résoudre le mystère qu'est son père, elle doit jouer avec les éléments qu'elle a en sa possession. Ces éléments, ce sont ses souvenirs fragmentés dont la sporadicité des restes sont si bien incarnés par cette rave party, qui seule, ne serait qu'une énigme impossible à résoudre. L'utilisation de ces cassettes VHS qui semblent indispensable alors que ses souvenirs sont insuffisant. Malgré ces deux éléments, il parait évident que Sophie se repose sur une partie d'imagination. Cette scène sur la plage en pleine nuit, probablement issue de l'imagination d'une adulte comblant les trous fait par son absence en sont l'incarnation même. Calum porte un masque, il ment, fait semblant, joue la joie parfois, car on ne doute pas que sa dépression prend forme de montagnes russes, on ne doute pas de sa sa joie lors des moments sincères avec sa fille, mais on ne doute pas non plus de ses moments de profonde détresse.
Si une chose reste certaine, c'est qu'un enfant, par effet de mimétisme, reprend les comportements de ses pères. Car au final, après mon premier visionnage, la question que je me suis posé était, Sophie va-t-elle répéter l'histoire de son père, elle qui semble marqué par les mêmes tourments. Dans tout les cas, je ne verrais plus la musique "Under Pressure" de Queen de la même façon.
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le 4 déc. 2023
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