Cinema Paradiso, Oh comme tu m'as ému. Tu m'as ému par la simplicité que représente ton lieu de vie, par les rencontres que tu as permis, mais surtout par les histoires qui tu as pu créer. La beauté des ces émotions ne se trouvent pas seulement dans l'avènement d'une relation père-fils s'entraidant entre projection de cinéma et examen scolaire, ou même dans l'amourette de deux jeunes adolescents se découvrant. Oui, la beauté se trouve également dans la vie commune de tous les jours. Celle d'un petit village dont le cœur n'a cessé de battre pendant des décennies, même après un incendie ravageur.
Ces très chers habitués du Cinema Paradiso, ces personnes dont les apparitions à répétitions créent une si belle familiarité avec le spectateur. Ces habitants qui n'ont plus de secrets pour nous, ces jeunes écoliers qui découvrent les prémices de l'adolescence, ce village de Sicile qui vit au rythme des diffusions cinématographiques, ce pasteur contrôlant chacun des bandereaux. L'effet le plus spectaculaire qu'un réalisateur puisse utiliser, c'est celui de la proximité avec le monde qu'il a créé, c'est celui de faire croire à ses spectateurs qu'en tendant le bras, ils pourraient atteindre le jeune idiot qui fait sa sieste lors de chaque séance, voir même lancer cette tarte sur le spectateur du haut qui crache de toute ses forces sur ceux du bas.
Tant d'histoires sont commencées, et toutes culminent en cette scène de destruction du bon vieux Cinema Paradiso, aux allures de funérailles. Plus qu'une démolition d'un bâtiment, c'est un adieu au lieu de vie principale du village. La place est toujours présente, et le sans domicile qui prétend en être le propriétaire, mais plus rien n'est pareil, la nostalgie des pavés a laissé place au brutalisme des parkings. Mais les adieux au Cinema Paradiso et à sa figure de projecteur éternelle ne sauraient être faits sans un dernier message à Toto, son plus fidèle spectateur, désormais réalisateur connu à Rome. Cette dernière diffusion d'Alfredo, récupérant toutes les censures que le pasteur refusait de passer dans son cinéma, et que Toto désirait tant lorsqu'il était enfant, cristallise une passion, LA passion d'un cinéma qui ne meurt jamais.
Je précise par ailleurs que je n'ai vu qu'une seule version du film, la plus courte qui ne contient pas de conclusions au chapitre Elena, et dont le mystère renforce l'efficacité d'un amour perdu, mais chérit. Un visionnage des autres cut s'impose tout de même.
9,5/10 pour un film que j'ai adoré.