Helen Mirren, sirène aborigène
Michael Powell est un réalisateur dont le talent confine au génie.
Si je voulais un seul élément pour vous en convaincre, sans même parler des "chaussons rouges", du "narcisse noir", du "voyeur" ou aucun de ses chef-d'œuvres les plus connus, il me suffira de citer cet "age of consent" comme exemple.
Son exploit ici ? Faire d'Helen Mirren une icône érotique.
Oui, vous avez bien lu.
Car on voit dans ce film une Helen Mirren non seulement jeune mais en plus totalement nue !
Et plusieurs fois, encore !
Le passage le plus brûlant étant constitué par une plongée sous-marine dans le plus simple appareil (quoi que, la donzelle porte alors un masque, ce qui explique peut-être, la réussite du moment... hmmm, non, quittons vite ces considérations oiseuses...) alors qu'un vieux libidineux (James Mason, co-producteur du film) la regarde à travers un hublot au fond d'une petite barque de pêche...
Mais re situons le film.
Australie, 1969.
Micheal Powell réalise son deuxième film au bout du monde (dans la grande barrière de corail, pour être précis) après "they're a weird mob". Il co-produit donc cette adaptation d'une roman de Norman Lindsay, avec James Mason (magnétisé par le roman ? Attiré par le sujet ? Aimanté par le rôle de Cora ?) et les deux compères décident d'employer une jeune sociétaire de la royal Shakespeare society, Helen Mirren, donc, qui ne s'est fait remarqué à l'écran jusque là que dans songe d'une nuit d'été de Peter Hall (un début de carrière légitime, en somme), et qui, pour le coup, change assez radicalement sinon de registre, au moins de type de personnage.
Mason est comme souvent excellent, ici en peintre désabusé ayant perdu l'inspiration qui décide de se retirer du monde, choisissant une vieille cabane au bord de l'océan. Bien entendu, les voisins sont plus nombreux qu'il ne l'espérait, et c'est avec cette jeune femme un brin voleuse désirant sortir de ce trou paradisiaque (alors qu'il ne désire que le contraire) qu'il va retrouver l'envie de peindre.
Les personnages sont un poil caricaturaux, l'histoire un prétexte, mais l'ensemble possède un charme indéniable, émanant en bonne part de la jeune anglaise et du vieux cabot sympathique.
A noter la présence d'un jeune toutou dans le rôle du side-partner de génie, capable de se ré-attacher à sa laisse quand le maître rentre au bercail.
Car qui n'a jamais, parmi vous messieurs, rêvé d'une retraite, loin de la civilisation et des excès (mais proche de ce qu'elle offre de meilleur: whisky et bonne bouffe), au cœur d'une nature enivrante, qu'une une jeune nymphe dénudée viendrait perturber?
En tout cas, moi, je dis que ce programme me conviendrait bien.
En attendant, le film m'a délicieusement fait planer, pendant un peu moins de deux heures, vers ce doux rêve.