Je m'achèterais bien une écharpe en poils d'Agora.

L'action se déroule au IVe siècle à Alexandrie durant l'occupation romaine. Hypatie y enseigne la philosophie, les notions mathématiques d'Euclide et le modèle géocentrique de Ptolémée à des étudiants promis à un brillant avenir au sein de la cité. Dirigeant l'école platonicienne, la jeune femme est agnostique et cela a son importance à époque où le christianisme est une religion qui voit le nombre de ses fidèles croitre jour après jour. A tel point que les chrétiens vont représenter la majorité religieuse et abolir le paganisme. Agora est donc un film qui traite à la fois de science et de religion.

Bien que le film essaie de caser par tous les moyens un triangle amoureux entre Hypatie, (le futur préfet) Oreste et (l'ex esclave et futur chrétien) Davus, le réel intérêt de ce film se trouve indéniablement dans la position occupée par le spectateur. En effet, il est amusant de voir ces philosophes débattre d'astronomie et de science alors que nous, nous savons qui a raison. Nous savons que le modèle géocentrique de Ptolémée est erroné et que l’héliocentrisme, brièvement abordé, est la voie de la raison. Il y a un aspect "bon enfant" à voir ces gens s'émerveiller d'une découverte scientifique aussi fabuleuse que la gravité appliquée à un corps en mouvement.

A coté de ça, on constate (mais est-ce vraiment surprenant ?) que les populations se déchirent pour la religion. Païens, juifs et chrétiens nous offrent un spectacle qui ne rend clairement pas hommage au titre du film; Agora. L'agora représente la place du marché, c'est à dire un lieu d'échanges. Et nous, spectateurs, constatons que les échanges sont assez limités et qu'une bonne vielle lapidation est bien plus efficace qu'une table ronde où on peut philosopher à grands coups de thèses et d'antithèses. Bien que le film comporte son lot de d'ajouts fictionnels, il dépeint relativement bien le contexte et son époque.

En effet, les costumes sont de bonne facture et la reproduction numérique d'Alexandrie est globalement réussie. La B.O. colle bien aux images et les acteurs assurent le job sans être pour autant mémorables. A l'exception de Rachel Weisz qui nous gratifie d'une prestation juste et bourrée d'émotions. Clairement la bonne pioche de ce film qui manque parfois de rythme; la faute à une intrigue amoureuse sans grand intérêt. Au final, Agora est un petit péplum sympathique qui ravira les amateurs du genre.