Un péplum politico-religieux !

Ce n'est pas un chef d'oeuvre, en raison de quelques défauts et maladresses que peut trainer le film. Néanmoins, c'est diablement accrocheur (malgré quelques aspects didactiques), ambitieux, profond et bien mis en scène.


Pour ma plus grande joie, Alejandro Amenabar prend pas mal de risques dans le traitement de son intrigue, et évite par conséquent de s'embourber dans un péplum quelconque, Hollywoodien et académique.
D'ailleurs j'ai été très agréablement surpris par le scénario. Connaissant pas cette page de l'histoire, je pensais, de prime abord, que l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie surviendrait à la toute fin du long métrage. Or ce n'est pas le cas, cet évènement arrive assez tôt et sert de tournant dans la suite des évènements. Puis je pensais également que ça raconterait uniquement le destin de la philosophe et astronome Hypatie d'Alexandrie. En fait les points de vue sont multiples, les autres personnages qui l'entourent (son esclave Davus et ses disciples Oreste et Synesius) ont tout autant d'importance et joueront un rôle prépondérant par la suite (après l'incendie essentiellement). Ce qui m'a plu aussi, c'est le côté imprévisible des protagonistes, au départ je pensais avoir cerné qui étaient les bons et les mauvais, au fur et à mesure que ça avance, l'oeuvre contredit mes conclusions hâtives et c'est vraiment appréciable.


En dépit des apparences, j'ai pas trouvé ça manichéen. Et je n'y vois pas nécessairement une critique à l'égard de la religion et encore moins à l'égard des chrétiens. J'ai surtout l'impression que le cinéaste a voulu montrer la bêtise humaine et sa propension à céder facilement dans des actes belliqueux.
Avec le personnage d'Hypathie, j'ai envie de dire que le cinéaste livre l'un des meilleurs rôle féminin au cinéma. Aujourd'hui, on entend parler d'émancipation à longueur de journée pour tout et n'importe quoi, là en l'occurrence le terme n'est pas usurpé pour cette femme.


Concernant les quelques défauts, le réalisateur sombre un peu dans l'emphase par moments, il use de ralentis et de musique pompeuse sur quelques séquences dites primordiales. C'est un peu dérangeant.
Et enfin, je n'ai pas trop accroché à l'histoire de Davus, le jeune esclave qui se convertit au christianisme. Je ne sais pas trop pourquoi, si ce n'est que l'acteur n'était pas très convaincant à mon sens.


Agora est un film intéressant, à voir pour la qualité de son scénario, de sa mise en scène et de l'interprétation des acteurs (Rachel Weisz notamment).

Jubileus
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le 24 août 2015

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Jubileus

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