Imaginez le psychopompe Charon vous accompagnant sur sa barque, voguant sur le Styx. Pas de chance, vous n'aviez pas d'obole pour payer le trajet, vous voici condamner à errer sur le fleuve. Autour de vous, le Monde des Morts à perte de vue. Aucune issue ! C'est bien l'Enfer hostile, oppressant et suffocant. On ne se risquerait pas à descendre ! Pourtant la mort vient aussi de l'intérieur, Charon est violent et imprévisible. Son narcissisme et son ambition sont sans limite, le voyage est pesant. Aucune issue de secours, vous êtes complètement étouffé, aussi bien de dedans que dehors. Même si vous arriviez à descendre, vous avez trahi le roi d'Espagne, impossible de retourner chez vous les mains vides. Le voyage est méandrique et interminable, le styx forme une boucle et vo. Et tout vous parait froid, il fait pourtant si chaud. Vos compagnons de route s'éteignent progressivement, vous êtes fiévreux, le paysage est de plus en plus brumeux, vous ne savez plus si vous rêvez. Est-ce Cupidon qui vous tire des flèches ? Et Charon grand gagnant des perdants se retrouve seul sur sa barque; il se prend pour Dieu. Hadès vient le rappeler à l'ordre; lui rappelle son atomicité : Tu n'es qu'un nocher Charon, fils d'Érèbe et de Nyx, toi et tes passagers êtes déjà morts ! Et voici votre terre promise, votre eldorado, descendez au Tartare, pingres et avares ! Et Charon n'était pas Dieu, il était la mort.