David Gray est bien versé dans l'occulte, si bien qu'il est soit fou, soit trop clairvoyant. À l'auberge dans laquelle il s'arrête, les personnages qu'il rencontre paraissent iréels. Le film semble jouer de l'abstraction pour nous confusionner, toutes les procédures rassurantes relatives à un accueil chaleureux sont écartées si bien qu'on semble être en territoire ennemi ou du moins jeté dans une propriété privée maléfique. Chaque apparition paraît fantomatique, on entre dans la chambre comme dans un moulin, le regard de David remet en question chaque élément, et toujours ce faucheur dehors qui fait peser la mort.


L'apparition en pleine nuit d'un homme âgé dans sa chambre qu'il avait pris soin de fermer à clé est déroutante. Toujours dans l'abstraction, l'homme reste vague dans ses propos, comme un somnambule inconscient, on comprend que la mort plane sur une jeune fille et qu'il se doit de la sauver.


On sort de l'auberge, on recontre le médecin fou, on imagine des bruits, on voit des ombres inquiétantes, on assiste à un meurtre, au sauve la jeune fille en enfonçant un pieu dans le cadavre du vampire ; voilà à peu près le scénario du film.


Le 20 premières minutes, soit tout ce qui précède l'arrivée à la maison de la jeune fille, sont magnifiques. Sans utiliser d'effets spéciaux mais seulement par des jeux de lumière, une utilisation du son à mi-chemin entre film muet et parlant, un rythme tantôt effréné tantôt apathique, une architecture insaisissable, tout semble à la fois naturel et surnaturel.


La qualité des plans à ce stade m'est évidente, alliant l'utile/l'économie et le beau. Les plans extérieurs sont étincelants, la nature semble merveilleuse, et toujours ce rapport au faucheur et à l'ange, la mort et le christianisme. Les plans en intérieur ne font pour une fois pas figure pâle, les efforts sont minutieux, il faut le voir pour le croire. J'avais commencé à prendre en capture d'écran les plans les plus beaux, je m'étais rendu compte en 5 minutes qu'on pouvait presque tout capturer rendant mon entreprise inutile.


Dommage, le film devient subitement fainéant une fois arrivé à la résidence de la fille. Ou sont passés ces efforts pour filmer l'intérieur ? On retombe dans le conventionnel, le fade. Les fulgurances sont toujours de mise, la scène du regard entre la fille possédée et sa sœur m'a terrifié.


Le film souffre plus au final de s'être essoufflé du début à la fin du film que de 1932 à nos jours. Je crois que le début exploite parfaitement le cryptique, mais que le film ne parvient pas à s'adapter à la démystification de son scénario. L'histoire est difficile à comprendre, mais en même temps le scénario avance à grands pas. On semble ne pas comprendre les choses aussi bien que les personnages dans le film, comme si l'on était laissé à l'écart, on reste dans le flou, pendant que tout se résout

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6
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le 7 mai 2024

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