La loi du silence N' est pas « un ange passe ».

Citation de Charles de LEUSSE, ceci est une analyse et non une critique donc je vais raconter plusieurs passage du film


Parfois, les paroles sont inutiles, et c'est particulièrement vrai dans le cinéma qui est l'art de montrer. Et ça aide aussi pas mal quand on a pas beaucoup d'argent; parce que oui, Gints Zilbalodis c'est un peu notre Shinkai européen (en terme de parcours je dis bien), lui il a pas de pétrole mais il a des idées. Il s'est construit tout seul, fait des films tout seul (le générique de fin est incroyable) et a le budget d'un pays africain. Bref quand on a ni main d'oeuvre, ni budget il faut faire des sacrifices. Déjà aucuns doublages, des décors souvent vides, un film assez court, très peut de personnages et pas beaucoup d'action. Et c'est là que rentre en jeu le facteur "talent" car là les fainéants jettent l'éponges et les amateurs se perdent dans leurs ambitions, Gints Zilbalodis tente de masquer ses manques voir même d'en faire un tour de force. Et Ailleurs réussit son pari, c'est une véritable peinture de la solitude, une fresque d'un combat d’anthologie contre la tristesse, le désespoir, la pure métaphore du deuil.


Commencer un film par une chute en cinéma ça a une sacrée valeur symbolique car avant même de savoir quelque chose on comprend que quelque chose ne va pas car sinon notre personnage ne nous la jouerait pas Franz Reichelt, et même utiliser un parachute était une bonne idée car en plus de limiter le nombre d'objet au sol a créer pour justifier la survie de la chute il donne l'idée qu'on ne fait que ralentir l'échéance, que la chose ne peut pas s'arrêter comme ça.
On nous présente ensuite un désert, qu'on nous montre bien infini même avec notre vue de hauteur et c'est là qu'arrive notre antagoniste, enfin pas exactement antagoniste, celui-ci se présentant plus comme un spectre de fatalité lent, silencieux, omniprésent qui à l'inverse donne presque une impression venir de la terre. après avoir entrevu cette fatalité le protagoniste décide de fuir ce qui va mener à une longue course poursuite. Ce qui est mis en avant dans cette course poursuite c'est l'impuissance du protagoniste face à l'avancée lente mais certaine de l'ombre. Et c'est là qu'on arrive à l'oasis.


Je l'ai déjà dit plutôt mais le réalisateur adore donner un thème ou une ambiance qu'il ne justifiera que plus tard, on le verra avec la fameuse chute mais ici c'est bien le terme "Interdite" du chapitre qui semble nous échapper. L'ombre se stoppe d'ailleurs à l'entrée de l'oasis, ce qui est pour le moins étrange car ça stoppe la menace qu'on nous présentait comme inébranlable...ou pas. Car oui les différents plans nous montre bien qu'elle est toujours présente, pire encore qu'en se stoppant devant un chemin que le héros à reculé en revenant au point de départ. Même la mer, pourtant bien plus chatoyante que les étendue de sable reste au finale un désert, bien plus belle mais bien moins accessible que le désert. Au premier coup d’œil tout à l'air pourtant magnifique, surtout comparé au désert, de l'eau et de la nourriture en abondance, cependant un détail va remettre ce paradis en question: notre ami l'oiseau jaune. Petit aparté mais pour éviter des discutions le réalisateur va décider de transformer tous les hommes en animaux pour non seulement s'éviter un trop gros travail mais en plus pour se concentrer sur son personnage principal. Bref notre oiseau jaune qui fait directement référence au protagoniste tombé du ciel est faible et à l'étroit, on sous entend même que c'est à cause de cette endroit qu'il n'arrive pas à voler. Il y a aussi cette présence humaine qui se veut rassurante mais qui finit par dire tout le contraire quand il trouve le squelette de ce dit humain. On comprend donc que cette Oasis est interdite car elle ne mène qu'à la mort loin des siens, c'est là que le vrai voyage commence.


Bon certes au début ce n'est pas simple, mais au bout d'un moment il y arrive. Cette victoire est cependant plus marquée par notre oiseau jaune qui rejoint l'aventure, ce qui apporte un vrai renouveau dans la manière de traiter la solitude, car on y voit 2 êtres seuls ensembles (concept assez compliqué à mettre en place mais réellement intéressant dans on écriture).
Il va s'en suivre une course poursuite face à la fatalité qui va nous emmener face à plusieurs cas de figure représenté souvent par les animaux. Donc pour faire simple il y a les oiseaux blancs qui survolent le terrain sans se faire avoir par l'ombre, des guides/anges gardiens, les moins important à l'histoire principale mais essentiel à la quête secondaire de notre piaf qui ne sait pas voler. La tortue qui avance doucement mais surement, servant ici à montrer que peut importe qui nous sommes nous pouvons nous en sortir, le lama qu'on ne voit que dans 2 petites scènes mais qui nous montre que faire comme si de rien était c'était comme se laisser mourir, le fennec qui veut empêcher l'oiseau de voler et le pousse vers le bas (un harceleur ?) en essayant de le manger, mais surtout les chats, représentant d'une religion avec leur culte de l'eau qui montre ici que celle-ci ni aucune autre forme sectaire ne peut nous sauver. Outre de très bonnes métaphore bestiale on retrouve aussi certains grands plans et idée de mise en scène, je parlais de la secte des chats mais il ne faut pas aussi oublier le pont que notre héros va détruire pour vaincre l'ombre mais sans succès, offrant aussi un parallèle avec sauver son ami de la dépression (oiseau et son fennec) et surtout cette magnifique scène sur l'énorme flaque d'eau ou on voit presque notre héros voler avec les oiseau (avec le reflet dans l'eau) ce qui va motiver notre piaf jaune à prendre son envole. On va aussi comprendre avec le rêve du protagoniste les réels enjeux du film, une lutte contre le deuil, l'ombre représentant le poids des âmes perdues.


Mais il y a aussi la fin qui est intéressante. Face à cette ultime épreuve (la montagne enneigée) notre héros grimpe jusqu'au sommet mais ne parvient pas à sortir de ce monde, car le seul moyen c'est de vaincre sa tristesse. C'est ce qu'il arrive à faire avec l'aide du piaf, il vainc le poids de ses remords avant d'être pressé (par cette énorme avalanche) à faire un grand saut dans l'aspect semblable à celui du début mais dans la symbolique beaucoup plus salvateur. il arrive même plutôt en douceur dans l'eau, il fait le deuil de son passé (Rip la moto) et sort enfin la tête de l'eau, c'est bon, il est de retour chez les vivants



Ailleurs nous emmène dans un monde aussi enchanteur que sombre qui va redéfinir de la quête de soi, ou la grandeur du propos n'a d'égal que la profonde mélancolie qui en découle


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le 2 nov. 2020

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Lordlyonor

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