A l’Est rien de nouveau… Voilà le triste constat de Malgorzata Szumowska réalisatrice à la poigne et caméra de fer qui signe ici un étrange mais courageux film. Une espèce de western christique tourné au fin fond de la Pologne.
Malgré des états de service irréprochables sur son sacerdoce, Adam est un prêtre jésuite un peu ambigu. Aimant les hommes, il ne peut que réprimer ses désirs sexuels au regard de sa foi qui lui impose pureté et chasteté. A l’image du paysage aride et abrupt, tout le film évolue autour de cet état et de ce combat impossible que mène Adam. Cela est prétexte à une critique sans concession de la société polonaise par trop rigide encore, raciste, homophobe, sexiste, mais également sur l’omerta de l’église pour régler des situations compliquées. Le désœuvrement parcoure ce film, celui des humains, des esprits et de cette ville fantomatique. L’ambiguïté également. Szumowska filme sans se poser de limite. Certaines scènes (de violence notamment) semblent trop complaisantes, et apparaissent comme objet de fascination… De même les références religieuses qui se multiplient ; l’incarnation physique de Jésus à travers le jeune Lukasz, la scène de nage/baptême, Adam gisant dans son lit tel le Christ au tombeau, les pieds qu'on lave… Cette imagerie bigote (toutefois digne à l’écran des grands peintres classiques) vient trop appuyer sur l’histoire, suffisamment limpide sans cela. Malgré ses défauts, « Aime, et fais ce que tu veux » apparaît comme un film sincère, parfois bouleversant et surtout incontournable.