Aime ton père
5.4
Aime ton père

Film de Jacob Berger (2002)

Un Nobel de littérature champêtre & un ex-junkie : un père & un fils séparés par des années de colère, partagés entre le choix d’enterrer les non-dits ou de les exorciser. Jacob Berger a joué sur le vrai tableau familial des Depardieu pour constituer son film, bien conscient de l’authenticité de Gérard & Guillaume. Ils n’ont pas besoin de jouer leur lien de parenté pour la caméra, & l’œuvre se transforme en une bizarre leçon de vie pour l’un comme pour l’autre.


Authenticité & responsabilité, c’est assumé : les Deuxpardieu ”jouent d’eux-mêmes”. Mais c’est aussi de quoi rendre l’œuvre assez malsaine, puisqu’elle est comme remplie d’une intimité orageuse qui ne nous regarde pas & qu’elle se déverse dans l’histoire avec trop de sérieux pour signifier autre chose, si ce n’est pour Sylvie Testud qui s’acharne magnifiquement à jouer le contrepoids.


Il y a un goût de littérature de gare derrière ces deux visages peints d’animosité contemplant leurs regrets quand ils ne s’échangent pas un regard noir. Leur attrait pour le scandale – qui passe par les dérangements autoroutiers ou les invectives publiques – est mis en scène quasiment sans préparation, en témoignent les personnes ne faisant pas partie du tournage qui se retournent sur les acteurs. C’est une petite bulle de colère toujours très mal cadrée qui ne fonctionne dédidément nulle part, reproduisant une gravelosité people qu’on a déjà suffisamment de mal à fuir en-dehors des écrans.


Il semble que rien ne doit venir toucher aux deux stars, liées à d’autres éléments du scénario seulement lorsque cela offre le potentiel de se passer mal. Puisant dans des souvenirs d’enfance plus vaseux encore que son déroulé, Aime ton père cherche à produire le frisson du désordre psychologique tenant de la frustration, parce qu’on est censés réagir à des surhommes qui sous-vivent. En fait de ça, j’ai plutôt eu l’impression de voir la reconstruction judiciaire d’un article de tabloïd.


Quantième Art

EowynCwper
2
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le 4 sept. 2019

Critique lue 206 fois

Eowyn Cwper

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