En 1984, le directeur marketing de Nike, Sonny Vaccaro, va batailler avec l'aide du président Phil Knight afin de recruter le nouvel espoir du basket Michael Jordan dans un but de sponsoring. Car il faut se rappeler qu'à cette époque, Nike était distance dans la vente de chaussures de sport par Adidas et Converse, et que l'arrivée potentielle du joueur serait un plus.
Air est le premier scénario du tout jeune Alex Convery, et il semble qu'il a beaucoup lorgné sur le script de Social Network : on a droit à de multiples personnages, des dialogues qui fusent, une réalisation nerveuse, et surtout, il s'interroge là aussi sur l'apparition de ce qui va être un phénomène de société ; les Air Jordan.
Aujourd'hui encore, on voit à quel point certains modèles de ces pompes sont recherchées, chaque nouvelle sortie apporte un buzz de folie, Michael Jordan gagne ainsi plus de 400 millions de dollar par an, c'est une folie douce qui rapporte bien. Ce qu'explique très bien le film, que j'ai trouvé passionnant comme du Sorkin justement, avec des acteurs tous excellents, que ce soit Ben Affleck, Chris Tucker (oui !), Jason Bateman, Viola Davis (qui joue la mère du champion), et surtout Matt Damon, qui du reprendre de la purée à la cantine pour ce rôle, formidable. Il incarne à la fois la personne dévouée à son entreprise, ami avec Phil Knight (que joue d'ailleurs Ben Affleck pour leurs premières scènes en commun à l'écran), mais qui ne va pas hésiter à briser les us et coutumes, notamment à aller rencontrer la famille Jordan à leur domicile, afin d'arriver à ce qu'il cherche. Le tout avec une sincérité, certains diraient une candeur, que je trouve touchante.
Outre le fait que c'est blindé de musique du début des années 1980 (on entend même le thème du Flic de Beverly Hills), l'autre très bonne idée du film est de ne pas montrer Michael Jordan. On le voit seulement de dos ou cadré en-dessous du visage, mais ça lui donne comme une sorte d'aura mystique par rapport à ce qu'il va accomplir. Comme sa mère en est persuadée, et aussi Sonny Vaccaro lors d'un monologue pour le convaincre de signer chez Nike alors que le sportif voulait être au départ chez Adidas, au point d'exigences délirantes. Qui feront à la fois le bonheur de Nike et la fortune de Jordan...
C'est le film typique de la success-story à l'américaine, mais très bien faite, passionnante, et avec des acteurs excellents. Comme quoi, les chaussures, ça rapporte.