Dans les années 1970, le cinéma américain a été marqué à la fois par le Nouvel Hollywood, par un truc de science-fiction arrivé en 1977, mais aussi par la vague de films catastrophes qui sont arrivés, aussi bien Tremblement de terre que La tour infernale, en passant par Le toboggan de la mort ou L'aventure du Poseidon, et bien entendu la série des Airport, dont le 80 Concorde est le dernier des quatre épisodes.
Sauf que là, on ne rigole plus, et les producteurs ont fait appel à Alain Delon soi-même pour piloter, en compagnie de George Kennedy, le Concorde, menacé de missiles à cause d'une journaliste à son bord qui détient des informations comme quoi un puissant marchand d'armes travaille à la fois pour les Etats-Unis ET d'autres pays moins sympathiques. Donc, on a notre Concorde national qui fait des loopings, qui se pilote comme une voiture, avec des transparences hideuses, où Delon a le temps de séduire Sylvia Kristel, de commander une prostituée pour George Kennedy en la faisant passer pour un grand amour dans une scène ultra-cliché devant une cheminée, et de sauver quand même tout le monde dans les Alpes Autrichiennes. Et tout ça sans jamais savoir qui leur en veut, car c'est dans le règlement, les Concordes devaient éviter dans le ciel des missiles...
On sent quand même que ça devient du grand n'importe quoi ; je n'ai pas vu les trois films précédents, mais là, on dirait un chewing-gum qu'on étire sur presque deux heures, alors qu'à mi-chemin, c'était clairement fini. Mais on n'a pas souvent l'occasion de se marrer devant de tels nanars qui, à plus de quarante ans de distance, ont quelque chose de presque attendrissant dans le premier degré, et parfois comique. Comme Jimmie Walker qui joue sans arrêt du saxophone, ou cette personne âgée qui ne fait qu'aller pisser, au point qu'elle sera trempée lors d'une cascade du Concorde.
Quoiqu'il en soit, Airport 80 signera à la fois la fin de la franchise, et l'avortement de la carrière américaine d'Alain Delon, qui n'aura jamais réussi à s'imposer au pays de l'oncle Sam ; forcément, avec des choix pareils...