L'amour... c'est regarder dans la même direction, comme disait l'autre. Fixer l'horizon ensemble, coûte que coûte, même si c'est le reflet d'un avenir infecte. S'aimer, c'est s'accompagner dans la crasse comme dans l'or. Il n'y a pas de vrai amour paisible, ou si peu. Alors, qu'y a-t-il comme plus belle preuve d'amour que surmonter, sans être abattu, une maladie sur cette création commune et passionnelle qu'est un enfant ? Et qui peut donc se mettre à la place des concernés quand ce n'est pas son cas ? En voilà un, de sujet délicat. Mais je crois qu'il revêt d'un seul élément essentiel: le respect infini pour l'amour. Le réalisateur a tout compris sur ce sentiment. Sur les fêlures indéfinissables qu'engendre ce genre d'évènements, sur la difficulté à rester toujours unis, sur l’effondrement des rêves bleus. Au milieu du carnage émotionnel, des sursauts d'espoir, des tréfonds de désespoir, et c'est là que la country a un rôle plus qu'important dans ce film: il ressemble à ses personnages, cow-boys rêveurs, mélancoliques et joyeux à la fois, prêts à défier ce qui ne peut l'être. L' Humain, dans tout ce qu'il a de plus fragile. Impossible que le film ne puisse pas nous parler, ou bien le cœur est sourd. Comme l'amour est bien indiscernable et imprévisible, en témoigne l'histoire très puissante qui lie ce couple, le montage joue avec le Présent, le Passé et le Futur comme des pensées. Un flash-back pour rappeler le bonheur enfoui, pour dire qu'à ce moment-là, ils ne savaient pas encore quelles épreuves ils allaient passer... Le Temps aura rarement paru aussi "hors du temps", pour ainsi dire, jusqu'à déboussoler par moments. Le film n'y est pas pour rien: il bouscule, comme dans la scène où le héros s'engage dans un discours politique (et hélas très vrai) pour les maladies orphelines, il attendrit, il bouleverse, et le climax final est tellement tendu que l'on croit le destin scellé, jusqu'à l'ultime plan qui retourne tout. Le country, la mort, le tatouage : l' Amour et la Mort mêlées à jamais. Pourtant, dans tout cet obscurantisme, il y a un véritable hymne à la Vie, qui nous dit de toujours profiter, d'aimer à fond, de toujours partir vers les impossibles. Into the wild. C'est ainsi que l'on se surprend à sourire pour ces personnages de temps à autre, à ressentir leurs joies aussi bien que leurs douleurs, aidés par des comédiens brillant de naturel.
Merci à toi, Victor, de m'avoir fait découvrir ce film, contre mon gré au départ.
Je dédie ma critique à toi, Anaïs, que je voulais combler sans que tu m'en laisse le temps, toi aussi victime de ces maladies qui attaque jeunes et qui ne se guérissent pas. Pas encore. Tu aurais aimé ce film, j'en suis sûr.