Alors qu'on s'attendait à une formidable histoire d'amour dans le milieu de la country on se retrouve face à un mélodrame purement classique. Le film n'innove jamais, il suit le chemin tout tracé des différentes étapes de la tragédie classique :
- Jolie rencontre autour d'un intérêt commun
- Scène de sexe
- Idylle des débuts de l'histoire avec encore du sexe
- Désenchantement face à l'annonce d'un enfant
- Acceptation de l'enfant par le père (ici touchant par le démarrage des travaux de la maison)
- Bonheur familial : découverte des étapes de la vie
- Maladie de l'enfant (Ça sent le déjà vu : on ne peut en effet pas s'empêcher de penser à La Guerre est Déclarée) qui mène à sa mort
- Rejet de la faute sur l'autre
- Tentative ratée de départ à 0
- Suicide.

Mais malheureusement le film, qui a de grandes qualités, souffre de cet élan dans le déjà tout fait, dans la facilité et dans la recherche permanente du pathos (la maladie est adaptée à un langage enfantin qui ne peut que toucher mais qui lasse totalement).
Les personnages sont très originaux, atypiques et ainsi touchants. Ils sont réussis. Et heureusement, car il n'y a QU'EUX ! Mais aussi drôle, eaux et profonds soient - ils, on ne s'attache pas à leur histoire ! On s'attache à leur personne mais pas à leur histoire. On ne connait rien d'eux. Après deux heures de film en leur compagnie on n'en connait pas plus sur eux qu'au commencement. Ce problème est dut à la manière dont le film est fait.
Le film est très globalement gâché par une déconstruction chronologique qui assombrit la compréhension de l'ensemble, uniquement fondé sur un aller retour entre passé (flash-backs très mal définis) et présent. Le tout est vite lassant et pesant. Le film se cherche en permanence, oscillant entre la chronique familiale (à la sauce du Premier Jour du Reste de ta Vie, film très réussi d'ailleurs), l'histoire d'amour touchante et originale, le film musical, ou l'illustration d'un combat contre la maladie. Le film souhaite tout être à la fois et n'est qu final qu'un mélange raté de tout. En effet le film n'explore en profondeur aucun des sujets, chacun est rapidement et pas très finement ébauché, et au final assez grossièrement traité. Ça passe trop vite et on n'a le temps de s'attacher à rien.
Et pourtant le film avait tous les éléments pour être réussi. Les acteur sont excellents et ce point est indéniable. Mention spéciale à la jeune interprète de l'enfant malade qui remplit l'écran lorsque qu'elle est présente.
De plus le film regorge de scènes très réussies. Mais chacune d'elle est succédée par un point qui annihile tout effort de réussite.
La scène de la mère qui rentre dans la chambre à présent vide de son enfant décédé est servit par une photographie sublime, quasi picturale. On semble avoir en face de soi un tableau animé d'une puissance infinie. Mais ce point est gâché par l'arrivée brutale d'un oiseau, métaphore trèèèèèès facile et purement nulle de la petite fille morte.
La scène du concert final est tout bonnement réussie. La musique prend (enfin !!!!) toute sa place, la caméra se focalise sur les petits détails (mains, yeux humides...) et occulte tout autour (le public, que l'on ne voit jamais d'ailleurs, parti pris intéressant), ne laissant place qu'à la musique et aux larmes qui commencent à poindre aux coins de nos yeux. Tout ça pour conclure par un discours purement ridicule du personnage masculin sur la religion et philosophie. Tout cela vire au pathétique et l'on est purement et simplement dépité face à un tel spectacle. POURQUOI ??
Seule scène entièrement réussie ; celle de l'oiseau écrasé sur la "terranda". Elle met en scène le père, dérouté (effet comique et touchant très réussi) face aux questions existentielles que lui pose sa petite fille. Dommage, vraiment dommage, que le symbole de l'oiseau soit utilisé aussi ridiculement par la suite.

En focalisant entièrement son film sur ses personnages principaux, le réalisateur a prit le risque d'occulter entièrement tous les autres. Et c'est ce qui se passe. Les autres personnages ne nous sont pas montrés. Ils sont de dos, en hors - champ, ou flous. On ne peut que les entendre. C'est un choix intéressant et respectable mais qui pèse sur l'ensemble. La bande de pote du protagoniste aurait put former une belle brochette de formidables second rôles. Ils sont bien trop peu exploités et ne semblent servir que de toile de fond pour l'histoire des héros.
De la même manière la musique.
Celle - ci n'est que secondaire. La musique n'influe pas sur la vie des personnages, elle est juste là, sans trop savoir pourquoi. Les scènes musicales sont ratées (à l'excepté comme dit précédemment du concert final). La caméra semble refuser de tout nous montrer jusqu'au bout. Elle quitte la salle de concert pour accoler à la musique des images d'autres scènes. La musique n'a donc pas toute sa place et, à l'image du film entier, la cherche. Elle semble ne pas influer sur les personnages (alors qu'elle aurait put avoir le pouvoir formidable de les unir), elle ne devient qu'un prétexte à l'exploration très égoïste du couple (contrairement à des films comme Crazy Heart ou Walk The Line). Car le film est très égoïste, par l'importance quasi obsessionnelle des personnages principaux et par le fait que tout tourne autour d'eux et que des événements comme la mort de leur enfant ne font que blesser leur ego. "Ce n'est pas mon enfant qui est blessé, c'est moi qui le suit par la mort de ce dernier". Et à y réfléchir cela me met mal à l'aise.

Dommage qu'un film qui bénéficiait d'une photographie léchée, d'un esthétisme réussi (très bon travail sur les couleurs même si certaines scène tombent à l'eau et ne trouvent pas leur place (la scène de la discothèque par exemple ; que fout - elle là ??)), d'une mise en scène soignée (choc entre une caméra distante, froide, à l'épaule (type docu) lors des scènes à l’hôpital et une caméra chaleureuse, intimiste, frivole de gros plans lors des scènes de sexe) et d'un jeu formidable souffre d'un traitement caricatural, grossier et raté d'un sujet trop classique et lassant, alourdi par une déconstruction chronologique qui frôle l'insupportable.

César du meilleur film étranger néanmoins.

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le 25 oct. 2014

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Charles Dubois

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