"Alberto Giacometti, The Final Portrait" est une comédie dramatique de "Stanley Tucci" (oui, l'acteur). 2018.
1964. Paris. "Giacometti invite le critique d'art et écrivain américain James Lord à poser pour lui dans ce qui a fini par être l'un de ses portraits les plus célèbres. Ce qui au début devait être un travail de quelques jours a été décalé en plusieurs séances, au fil des semaines, en raison du manque de discipline et de l'incapacité de concentration de l'artiste. Lord a dû reporter plusieurs fois son vol de retour vers l'Amérique du Nord.
A partir de ce canevas mince "Tucci" propose un film intimiste intéressant sur la création artistique, l'amitié, l'infidélité...Comment concevoir une relation aussi inhabituelle entre un artiste et son critique ou, tangentiellement, implicitement, entre un artiste et une putain ?
"Geoffrey Rush" en fait des tonnes tour à tour euphorique ou possédé, mais c'est drôle. Armie Hammer, au contraire, avec une certaine élégance fait un excellent travail dans le rôle du beau, "James lord" sobre , élégant et. patient , qui, avec les femmes qui hantent l'histoire et avec le peintre extravagant, forment une étude raisonnée sur l'amitié, une réflexion sur le processus prolifique de la création artistique et une réflexion sur les différentes manières aimer. Accessoirement il est gay , ce qui est juste évoqué au passage d'un dialogue très court mais que l'histoire officielle de cette toile a retenu plus clairement.
C'est d'abord un film qui, esthétiquement, est méritoire, notamment pour sa scénographie (il n'a pas été tourné à Paris, comme on pourrait le croire, mais à Londres, mais avec une précision dans les détails qui mérite des applaudissements, notamment la récréation de l'atelier du peintre), les costumes (notez les couleurs répétées dans les vêtements des personnages, allant des couleurs opaques de l'épouse aux couleurs vives de l'amante de "Giacometti"), le décor (avec des détails bien pensés pour nous faire crois que nous sommes en 64 du siècle dernier), le maniement de la caméra (magnifiques plans circulaires et quelques autres sans coupures), la photographie (dont l'objectif est toujours bien placé) et la direction des acteurs. Une belle réalisation donc.
Nous sommes devant un portrait (filmique) sur un portrait (pictural). Et certainement pas devant un Biopic.
Un portrait aussi intimiste que divertissant, avec quelques touches comiques, qui montrent la douleur qu'implique la création artistique, en général, et celle de "Giacometti", en particulier. Il est clair que pour mieux comprendre le drame particulier qui nous est montré, c'est mieux d'avoir une connaissance de l'histoire de l'art que le film n'offre pas. Personnellement je regarde ce film suite à la superbe lecture du "trio des ardents" dernier roman de "Patrick Grainville" qui est un triple portrait de trois amis : "Giacometti", "Francis Bacon" et "Isabel Rawsthorne". A savoir l'importance de "Giacometti" œuvre pour l'histoire de l'art (œuvre saluée par "Sartre", entre autres, comme la meilleure expression artistique de l'existentialisme).
Mais je pense tout de même que ceux qui ne connaissent pas grand-chose au sujet apprécieront, sans aucun doute, qu'ils leur soit bien raconté En tout cas, une bonne narration motive le spectateur, tout en déchaînant sa curiosité, à s'enquérir du noyau sur lequel le film reste muet.
On voit parfaitement comment le portrait, contrairement à la photographie, ne peut pas être fini (comme il est dit dans le film lui-même), car il est dynamique, mais savoir quand il est temps de le laisser suivre son propre destin, de quitter les mains de l'artiste, est quelque chose de trop complexe, voir d'impossible.
C'est très parlé mais les dialogues sont bons. La maîtresse de "Giacometti" est joué par "clémence Poesie". et sa femme par "Sylvie Testud". Et son frère par "Tony Shalhoub" (Monk).
Dans toutes les relations humaines, coule l'art de la vie qui , au fond, c'est ce « quelque chose », peut-être indéfini et indéfinissable, peut-être dépourvu de la logique requise, qui tente de refléter toute œuvre artistique, car, devant la réalité comme devant l'œuvre d'art, nous nous sentons tous, en quelque sorte, nus."
#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay