J'ai conçu pour ce film une effroyable haine
Sans m'ennuyer une seconde durant le visionnage du film,
Je ne peux pourtant parler d'une réussite.
Les premières 80 minutes sont une succession de scènes réussies,
menant nulle part, mais l'esprit n'en est pas tracassé encore,
quelques manipulations scénaristiques paraissent ici et là (l'actrice X),
pour couper une éventuelle monotonie s'installant insidieusement,
mais là encore, guère gênant.
On pourrait même dire qu'il s'en sert pour rajouter des touches humoristiques, sans bien sûr, effleurer les rires que peuvent provoquer
les proses de Molière. J'aime beaucoup Molière bien sûr, et il est réjouissant de voir les interprétations multiples de Luchini surtout, mais aussi de Lambert,
C'est pourquoi les 80 premières minutes sont très réussies.
Cependant, il y a bien un moment où quelque chose doit venir
bouleverser la trame de l'histoire, et c'est là que le train déraille complètement...
(Prenez garde, lorsque les comédies virent au tragique,
Si l'amour de la scène est un amour inconditionnel,
la scène doit avant tout rester comique,
pas de ces stupides béantes, pour se montrer comment qu'on s'aime,
faut des sourires en déferlantes, y a trop d'amour dans les "je t'aime")
Pour le formuler autrement, dans le continuum de l'histoire, les personnages évoluent de manière absurde, Le Guay veut
obtenir certaines choses, et comme après 80 minutes, il est loin du compte, il va forcer l'histoire à l'amener où il voudrait être,
ce qui fait qu'on perd toute crédibilité, on sent la manipulation
croître de minute en minute, et le naturel qui était la clé de voûte
du film, s'en va, s'en jamais revenir... Pour le coup, ça devient très théâtral
La fin ne permettra pas de rectifier le tir,
attention, parfois quand ça part en sucette, c'est très bien
(voir les frères Coen), mais ici, ça n'était pas voulu,
alors les messages qu'il veut faire passer sur le monde du cinéma,
on n'en a que faire,
Je dirais que dès le moment où Le Guay a eu l'ambition de faire
Du Grand Cinéma, il s'est perdu, alors que dans les petites choses,
il réussit à séduire, dommage