Les réalisations de Philippe Le Guay sont d'adorables choses. Comédies douces/amères au parfum sociétal et aux remises en question certaines. Ici, les acteurs.
Alceste à bicyclette est un film de comédien et certainement bien plus réalisé pour ces derniers que pour un public d'une extrême largesse. Merci Luchini (c'est un peu TON film) et merci Lambert.
Le dégoût du métier, d'un milieu putréfié, des autres, du monde d’aujourd’hui et pourtant la beauté de l'art exercé... Le tout face à la réussite, le populisme, la superficialité, le nombrilisme... La grande opposition du film est enfantine, peut être trop facile. Mais pas grossière. Tout est gris et ces deux milieux s'échangent des flots d'intérêts strictement personnels. Les disputes, jalousies et autres désaccords narcissiques s'effacent au nom du théâtre et de l'amour qu'on lui porte. Le tout se mute en fraîcheur de vivre, en instantanéité.
Les mots volent, chuchotés, hurlés, joués, partagés. La merveilleuse plume de Molière raisonne en symphonie superbe et place en nos cœur l'envie brûlante d'en dévorer chaque note. Il est certain que jamais la grandeur du Misanthrope ne sera égalée ou illustrée par le biais du cinéma ; mais l'hommage est beau et vibrant de passion pour cette fresque théâtrale.
La transposition et le parallèle avec l'histoire de nos deux protagoniste n'est alors que bienveillance.
Mais tout se brise de nouveau. Alors Alceste est à bicyclette et trous de mémoires au théâtre de l'atelier. L'adorable s'efface et il ne reste plus que le constat d'un échec et celui de la médiocrité des hommes actuels. C'est très simple, c'est très bon. « -Vous voulez un grand mal à la nature humaine ! -Oui, j'ai conçu pour elle une effroyable haine »
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