Œuvrant depuis Troubles exclusivement aux États-Unis, le réalisateur allemand Wolfgang Petersen a prouvé être un yes-man efficace jusqu'ici capable du meilleur. Lorsqu'il s'attaque en 1995 à l'adaptation du best-seller "Virus" de Richard Preston, qui narrait la découverte du virus Reston en 1989 dans l'État de Virginie, on attendait du metteur en scène du Bateau quelque chose de dynamique, d'haletant, où les sueurs froides nous envahiraient tout du long. Sauf que le dénommé Alerte! nous fera au contraire bailler le poing contre la joue.
Autour d'un sujet intéressant, le script n'arrive hélas jamais à nous faire palpiter tandis que la mise en scène pantouflarde de Petersen nous fait travailler les paupières tant elle demeure inconsistante. Résidant principalement sur les allées et venues anecdotiques d'une petite équipe de chercheurs déterminés à découvrir d'où vient la source d'un virus mortel et pointant du doigt les cruels agissements des dirigeants militaires prêts à employer des méthodes expéditives pour "effacer" toute trace d'échec, Alerte! peine à demeurer dynamique, à concrètement nous faire ressentir le danger éminent et la course contre la montre censée être époumonée.
Pourtant auréolé d'un casting quatre étoiles (Dustin Hoffman, Rene Russo, Morgan Freeman, Cuba Gooding Jr., Kevin Spacey, Donald Sutherland), le long-métrage souffre d'un rythme barbant, de pointes d'humour asthéniques, de caractérisation de ses personnages inexistante, de séquences d'action dignes d'un mauvais téléfilm. Impossible de s'attacher à ces protagonistes mal écrits, de retenir la moindre scène, le moindre dialogue, la direction artistique étant aussi quelconque que ce scénario fallacieusement époustouflant. Un faux-blockbuster inutilement onéreux qui s'oublie plus vite qu'il ne se regarde.