Alexandra's Project par Gaylord G
Le jour de son anniversaire, Steve rentre tout fier pour retrouver sa famille et la petite fête qu’il croit mériter. A sa grande surprise la maison est vide, les meubles sont amassés dans un coin, toutes les ampoules sont grillées, les serrures bloquées, seuls la télé et un fauteuil sont installés au milieu du salon. Pour unique cadeau, il reçoit une cassette vidéo où sa femme commence à lui parler. Il va donc devoir se taire, s’assoir et écouter ce qu’elle a à lui dire.
Tout le film et son intérêt va alors se concentrer dans cette pièce, durant ce long moment fait de sincères et cruelles confessions. 1h30 de calvaire pour cet homme, spectateur impuissant et pourtant totalement responsable. De ce film, il n’y a donc pas grand chose à montrer ni à dire car il s’agit d’une réelle expérience intimiste et minimaliste. Le spectateur se faufile alors au coté de ce mari et découvre avec lui le contenu de la cassette.
Avec une simple pièce pour décor et une idée géniale, Rolf De Heer parvient à transmettre énormément. Il nous décrit, dans ce long et sincère monologue, un couple et leurs problèmes et nous fait alors la critique du mariage et de l’amour conjugale. Beaucoup en font des tonnes pour dire très peu, Rolf De Heer sait faire tout l’inverse. Il parvient à créer et entretenir la tension en ne montrant presque rien mais avec des dialogues et un scénario lourds de sens.
Au final, Alexandra’s Project ne se raconte pas, il se vit et se découvre. Car le spectateur n’appréciera que s’il parvient à prendre la place du mari. Original, touchant et scotchant, il reste un magistral coup de force qui restera gravé dans les mémoires.