Bad Boy Bubby par Gaylord G
Bubby est isolé du monde extérieur depuis sa naissance. 35 ans, enfermé dans une cave avec pour seul compagnons sa mère qui le bas et le séquestre et son chat qu’il martyrise par simple distraction. Persuadé que l’extérieur le tuerait, il n’a jamais osé enfreindre les ordres et tenté de voir par lui-même. Jusqu’au jour où le choix n’est plus à prendre et où il va alors devoir enjamber le pas de la porte pour commencer son voyage initiatique.
"Bad Boy Bubby" nous raconte donc l’éveil à la fois tragique et magique de cet homme, coupé des bonheurs de la vie mais protégé de la haine et du mépris des gens qui la créé. Le film porte alors deux visages pour un même message. Il nous décrit longuement, dans une première partie dérangeante, la misère, le mépris et la haine avec une telle froideur qu’il scotch littéralement le spectateur à son siège. Sans réellement savoir de quoi est fait l’extérieur, le spectateur, placé aux cotés du personnage principal, se plonge dans l’histoire, enfermé dans cette cave, à la fois oppressé et curieux. Il ressens alors le malaise, la perversion et l’oppression constante qui y sont décrite avec un minimalisme d’une efficacité effrayante. Il est alors difficile d’observer un tel malheur, un tel supplice imposé par une mère à son fils car l’on ne comprend que trop tard les raisons qui l’y ont poussé.
Mais le malheur trouve cependant son parfait opposé dans cette exploration émerveillée du monde extérieur où chaque élément est magnifié par sa découverte. Une fois libéré de son supplice, Bubby découvrira la musique et les femmes, deux choses dont il tombera directement amoureux. Les chocs émotionnels sont alors récurant car Bubby ne cessera d’alterner bonheur et malheur sans jamais réellement avoir un mots à dire, impuissant et pourtant sans cesse responsabilisé.
En plus d’être original, le scénario est également parfaitement écris donnant ainsi la crédibilité indispensable pour que l’on puisse, sans échappatoire, se plonger dans l’histoire. Le challenge semblait pourtant insurmontable, mais avec le talent du réalisateur et de l’acteur principal, l’illusion s’efface pour ne laisse que l’effrayante crédibilité du témoignage. Le design sonore et visuel contribue également à l’élaboration de l’ambiance qui subjugue et enferme alors le spectateur dans un univers des plus particulier. Techniquement, le film est donc irréprochable et créer, dès le début des années 90, une pâte qui sera largement copiée mais jamais égalée.
Au final, "Bad Boy Bubby" est une terrifiante mais touchante histoire qui vient, en osant le politiquement incorrect, donné une voie magistrale à la différence. Avec un scénario, une narration et un acteur principal sans égal, le film se place alors parmi les plus intéressantes expériences que propose le cinéma. A la fois incomparable et incroyable, effrayant et passionnant, "Bad Boy Bubby" choc et marque les esprit à vie.