Celui qui peut dormmir sur ses deux oreilles aurait intérêt à se faiure opérer !

Une ode à la paresse et au sommeil ! Voici le film que j'ai probablement vu le nombre le plus important de fois ! Cet hymne à la paresse et au sommeil me consolait, comme beaucoup d'autres certainement, de cette affirmation stupide qui veut que "le travail, c'est la santé"...
J'ai vu cette aventure romantique militant pour la "protection du repos de l'homme" lors de sa sortie : à l'époque je travaillais en 3x8 (services postés) et lorsqu'il fallait que je me lève à 3 ou 4 heures du matin pour aller au boulot, c'était la galère genre Titanic! Pas question de "louper le bord" (arriver en retard) : les trains n'auraient pas roulé ! L'automatisme de protections des trains n'était pas encore en oeuvre partout et l'homme était responsable de la circulation des trains...
Et voilà que je découvre sur l'écran le même type (Philippe Noiret) aussi contraint au STO (service du travail obligatoire) que moi, tout aussi lillois de naissance, mais dans un boulot différent encore plus physiquement épuisant.
A la mort de sa femme, aussi autoritaire qu'un adjudant de cavalerie (Françoise Brion), il décide de se mettre complètement en hibernation, et de ne plus rien faire et de dormir, dormir, dormir... ! Il va faire tache d'huile dans le village.
Quel choc, quelle gloire au farniente que je m'en voulais de ne pas pouvoir (oser) copier mais que j'enviais profondément ! Combien de fois me suis-je remémoré ces ficelles qu'Alexandre tire depuis son lit pour pouvoir se nourrir sans se lever ! Et ce chien ébouriffé et ébouriffant qui va faire les courses de son maître !
Ce film réussit tout : un scénario soporifico-captivant, un casting époustouflant: une Marlène Jobert rayonnante, aussi séduisante que superbe, délurée, et malicieuse. Avec aussi un Carmet toujours aussi naturellement drôle, un Le Person plus vrai que nature en cul-terreux père de famille nombreuse, bref, tous les comédiens réussissent à merveille dans leur registre ! On dirait un musée Grévin ressuscité du cinéma, même si à ma connaissance, en 2019, seules Françoise Brion et Marlène Jobert sont encore présentes et en mesure de témoigner de cette aventure rocambolesque !
Quoiqu'on en dise, c'est ce film qui a révélé Marlène Jober, ett que je trouvais secrètement merveilleuse... Savez-vous qu'elle fut ainsi prénommée en hommage à Marlène Dietrich ? Cerise sur le gâteau, même le chien, (Kali) est admirable de malice et de dressage mais semble en plus y trouver beaucoup de plaisir !
On connaît Yves Robert , "touche à tout" (une cinquantaine de films comme acteur et il a même été modèle pour le musée Grévin !) pas réputé être dramaturge, mais comme adorant faire rire. D'ailleurs, ce disciple de Sautet, qui n'hésitait pas à risquer ses deniers au cinéma comme producteur, a sa tombe du Montparnasse gravé de l'épitaphe suivant : "Un homme de joie". Et certains visiteurs en hommage y déposent des boutons en souvenir de son film le plus coté au box-office : "La guerre des boutons") Drôle et avec un humour très personnel certes, l'homme savait aussi être touchant à certains moments. Sa vie amoureuse faillit d'ailleurs être tragique car il aimait, et était aimé, deux femmes différentes : Danièle Delorme et Suzy Varte...
Pas étonnant que ce film ait fait deux millions d'entrées, à une période morose où les circonstances ne prêtaient pas à rire : les évènements de mai/ Juin 1968 se profilaient...
Pour moi un film admirable et d'une grande simplicité avec une distribution merveilleuse ! Un remède contre la déprime ! Presque autant rediffusé que "La grande Vadrouille !"
Arte le 01.07.2019- le 04.07.2019- le 11.07.2019-