Cette comédie réjouissante me rappelle des souvenirs d'enfance, c'est une vraie comédie familiale, et je peux me laisser aller à une indulgence, mais j'assume car au final, c'est pas le navet alimentaire qu'on veut bien faire croire et qui sert la soupe à Fernandel, j'ai vu des notes très basses, mais je crois qu'il faut avoir vu ce film jeune ou enfant pour garder en soi une nostalgie pleine de légèreté et d'insouciance.
Tourné entre Touchez pas au grisbi et les Aventures d'Arsène Lupin, ce film semble insolite voire surprenant dans la filmo de Jacques Becker ; quand on voit la sécheresse d'un film comme le Trou, on se dit qu'il y a une sacrée marge. On peut cependant comprendre que Becker ait eu envie de s'amuser en tirant un divertissement d'un conte des Mille et une nuits, sans compter le fait qu'il devait diriger Fernandel pour la première fois. Il dut donc compter avec le producteur qui souhaitait une fantaisie orientale dans laquelle l'acteur qui venait de connaître un certain prestige avec les 2 premiers Don Camillo, devait apparaitre sous son aspect comique habituel.
C'est exactement ce que fait Becker afin de se tirer des contraintes de la production, il opte pour la voie de la parodie en transformant ce conte oriental en comédie marseillaise, un peu comme l'avait fait Duvivier dans le Petit monde de Don Camillo, avec l'accent marseillais et les complices que Fernandel a l'habitude de retrouver dans ses films, comme l'excellent Henri Vilbert qui incarne le riche Cassim, ou Edouard Delmont habitué des rôles de vieux grigou... Les acteurs étrangers furent donc doublés avec l'accent qu'avaient naturellement Fernandel, Vilbert et Delmont, de même que Samia Gamal, danseuse et grande vedette du cinéma égyptien, fut utilisée dans cet esprit parodique.
L'adaptation de Jacques Becker et Jean Manse (beau-frère de Fernandel) n'est que peu fidèle au conte, elle ne reprend que quelques éléments (la grotte au trésor, le "Sésame ouvre-toi", les voleurs y sont 40) et veille surtout à valoriser Fernandel et son image de marque de comique bon enfant. Tournée dans le Sud-marocain, cette joyeuse farce qui dépeint un Orient de fantaisie luxueusement reconstitué grâce à de jolis décors et la musique de Paul Misraki dans un ton très couleur locale, permet quand même à Becker de dresser une réflexion sur la richesse et la pauvreté, mais elle reste avant tout très agréable à regarder, à condition de n'être pas allergique à Fernandel qui se livre à un festival de mimiques et de drôlerie, avec de nombreux gags, je considère que c'est l'un des meilleurs films de Fernandel dans sa seconde partie de carrière, car il repose presque entièrement sur lui.