C'est à la suite d'une discussion avec un contributeur de SC (@ Rangdar), que j'ai revu ce film dont finalement je me rends compte que je ne m'en souvenais pas bien. En fait je confondais ce film avec un téléfilm plus récent (Pierre Aknine - 2007) où le rôle d'Ali Baba était interprété par Gérard Jugnot.
La première chose à dire de ce film c'est que Jacques Becker a complètement revu le conte. Dans l'histoire originale, Cassim, le frère de Fernandel est tué par les bandits déclenchant le reste de l'histoire. Morgiane est une esclave dévouée à ses maîtres et est particulièrement astucieuse et habile. Elle y joue un rôle beaucoup plus actif puisqu'elle sauvera Ali Baba des bandits et gagnera sa liberté.
Dans le film de Becker, Morgiane devient l'épouse d'Ali Baba et n'a pas un rôle aussi moteur. Surtout, Ali Baba se transforme en bienfaiteur de l'humanité puisqu'il redistribue toutes les richesses de la grotte à tous les pauvres avant de repartir lui-même au bras de Morgiane, aussi pauvre qu'au débit du film.
Becker a transformé l'histoire originale en tout autre chose de très gentillet autour du personnage d'Ali Baba interprété par Fernandel qui éclipse un peu les autres personnages. Si on veut apprécier le film, il vaut mieux faire abstraction du conte original.
Dans ces conditions, on prend plaisir (ou pas) à suivre les aventures d'Ali Baba où Fernandel joue le rôle d'un serviteur un peu candide de Cassim, secrètement amoureux de la belle Morgiane qu'il a acheté pour le compte de Cassim. Faut bien reconnaître que Fernandel en fait beaucoup.
La belle Morgiane est interprétée par la danseuse et actrice égyptienne Samia Gamal ; il est dommage que Becker ait cantonné le rôle de Samia Gamal à n'exécuter que des danses, fort bien d'ailleurs. Il me semble qu'il y aurait eu mieux à faire dans un personnage capable de donner la réplique plutôt qu'un rôle artificiel de potiche.
Plusieurs acteurs - méridionaux pour ne pas dire marseillais, bien connus des films de Pagnol sont présents dans le film comme l'inénarrable Edouard Delmont dans le rôle truculent du père de Morgiane dont l'amour paternel (désespéré) n'hésite pas à la remettre en vente sur le marché dès que Fernandel a le dos tourné.
Il en est de même d'Henri Vilbert dans le rôle de Cassim ou de Edmond Ardisson dans le rôle d'un mendiant.
Le film est tourné dans le sud marocain et l'idée d'avoir mis plusieurs acteurs méridionaux contribue à donner une couleur locale au film. On est plus dans le Sud qu'en Orient. Mais tant qu'à faire, pourquoi pas.
Je ne saurais dire si le film pourrait être tourné dans les mêmes conditions aujourd'hui. Les réflexions machistes fusent, les femmes y sont parfois un peu malmenées ("Quoi ! le prix d'un chameau"). L'image finale, par exemple, où Fernandel trône sur son âne tandis que sa nouvelle épouse, Morgiane, trotte à ses côtés...
Au final, le film est plutôt agréable à regarder du fait de la présence de Fernandel qui en fait des tonnes, entre autres avec sa démarche en 10 h 10 et son sourire éblouissant et communicatif. Surtout lorsqu'il chante : Mektoub, Inch Allah, Ali Ali Ali Ba Ba
Personnellement, je regrette un peu l'éloignement du scénario par rapport au conte que je trouve très beau et qui ne méritait pas qu'on s'en éloigne à ce point.