En général j'aime beaucoup les adaptations d'Alice, et celle-ci a l'avantage de la mettre en scène dans un univers encore plus bizarre que celui de Lewis Carroll, une sorte de baraque en ruines peuplée de créatures macabres. Rien que le lapin blanc est empaillé, et perd régulièrement son rembourrage. Et ce n'est rien par rapport à ses amis qui sont tous des squelettes d'animaux animés en stop-motion...
Cette adaptation réussit à être à la fois très proche et très éloignée de l'oeuvre de Carroll. Proche, parce qu'on y retrouve les mêmes personnages et la même progression. Eloignée, parce que le propos est totalement différent.
Carroll nous présentait une Alice remettant en question les codes idiots de l'univers étrange dans lequel elle était projetée, parodiant ainsi ceux de la société victorienne. L'Alice de Svankmajer, au contraire, ne paraît pas le moins du monde désemparée par ce qui lui arrive, et semble même se trouver parfaitement à sa place dans cet univers (impression encore renforcée par les scènes de réduction / agrandissement où elle se transforme en poupée, il y aurait beaucoup à dire sur le choix de cette transformation). On a plus ici une mise en scène du rapport des enfants au monde, avec tout ce que ça implique comme part sombre, et c'est surtout celle-ci qui est présentée ici.
Pseudo-analyse du propos du film mise à part, j'ai trouvé l'univers de ce film très joli, voire mignon, et ce malgré (grâce à?) son côté glauque. J'ai un peu eu le sentiment d'ouvrir un vieux coffre à jouets, d'y trouver une peluche qui m'a mordu les doigts, et d'aimer ça.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste