S’il est vrai que Tim Burton a un univers bien à lui, il n’en fait pas pour autant toujours de bons films, aussi cette nouvelle version des aventures d’Alice au pays des merveilles l’illustre parfaitement. L’univers du film est unique, grâce à une ambiance, des décors et des personnages particulièrement stylisés, mais l’histoire est malheureusement bancale, peu engageante, ayant des partis pris sans surprise et surtout un contexte particulièrement déstabilisant de suite qui n’en est pas vraiment une, car, au lieu de raconter sa propre version du classique littéraire en partant du début, Burton décide de placer l’intrigue quelques années après les événements racontés dans les livres, avec un retour d’Alice dans ce monde qu’elle croit imaginaire. Aussi le public peut se perdre entre les différentes histoires racontées, l’originale de Lewis Carroll, mais aussi la version Disneyenne de 1951, si bien qu’on ne sait plus à quoi se rapporte le passé d’Alice dans ce film. Cela aurait pu être audacieux et réussis si l’œuvre n’était pas aussi conventionnelle d’un point de vue narratif. Aussi le grand vent de folie auquel on s’attend en visionnant ce film fait rapidement un gros flop.
Les défauts sont légion, avec avant tout des effets spéciaux des plus éclatés. Le film en est bourré et en devient indigeste. Tout y apparait numérisé, mais l’illusion ne fonctionne pas du tout. Aussi on a l’impression de voir un film vintage, charmant, mais pas crédible. Non, vraiment, les effets spéciaux sont too much à mort. En dépit de leurs apparences extravagantes, franchement inspirés, les personnages souffrent de personnalités trop caricaturales, sans réelle saveur. L'univers du Pays des merveilles manquent de vie, d'activité, c'est un désert sauvage, inhospitalié, qui rebute. Le film est long, et certains passages sont ennuyeux. Les dialogues ne sont pas aussi malins qu’attendu, et n’ont rien de comparable avec l’œuvre de Lewis. Aussi on peine à trouver les doubles sens et les jeux de mots qui ont fait le succès et la particularité des romans. Ce film, malheureusement, semble avoir été réalisé dans le but d’être spectaculaire et fantastique, mais à aucun moment il ne semble respecter l’œuvre de Lewis Carroll.
Parmi les qualités, on peut citer une ambiance musicale soignée, ainsi que la présence d’un Johnny Depp et d’une Helena Bonham Carter indispensable. Sans eux, le film aurait été une véritable déception (Mia Wasikowska, dans le rôle principal, m’a laissé indifférent, et Anne Hathaway ne m’a pas du tout convaincu). Aussi les scènes dans le monde réaliste, soit la première demi-heure de film, m’ont bien plus intéressé que tout le reste. C’est même ce que j’ai préféré dans le film.
Clairement, je n’apprécie pas plus que ça cette œuvre, malgré mon admiration pour Burton et son imagination foisonnante. Je dirais que cette Alice au Pays des Merveilles et presque raté. Toutefois, il se laisse visionner sans problème, on évitera seulement de le regarder trop souvent, car à chaque nouveau visionnage de nouveaux défauts nous sautent aux yeux.