« Alice dreams that she sees the White Rabbit and follows him down the Rabbit-hole, into the Hall of Many Doors. »
Alice au Pays des Merveilles, première adaptation filmée des aventures d’Alice à une époque où cinéma et prestidigitation étaient encore mariés, tente de retracer dans les grandes lignes l’histoire du roman : le film se construit autour d’intertitres qui narrent une situation avant qu’Alice ne la vive (ce système a pour principal problème de présenter une idée avant de la représenter, retirant l’intérêt de la montrer. De plus, les ficelles scénaristiques sont directement données, on sait qu’Alice rêve dès le premier intertitre). Amputé de trois minutes, le récit paraît encore plus décousu qu’il ne devait l'être originellement, il est nébuleux comme un rêve. La texture granuleuse de la pellicule dégradée rend le tout encore plus étrange pour le regard du XXIe siècle, tel le vestige d’un cauchemar dont on se réveille encore transpirant.
Bien que loin de la maestria d’un Méliès, le film possède son lot de trouvailles esthétiques, les costumes, par exemple, rendent parfaitement hommage aux personnages de Lewis Caroll tout en ayant un aspect bricolé à la fois effrayant et plein de charme. Le Lapin Blanc n’a jamais été aussi monstrueux, les soldats en carte jamais été si bons enfants. Certains effets, comme l’apparition et la disparition du Chat de Cheshire (qui se contente d’être un simple chat apparaissant et disparaissant en fondu) ou le rétrécissement sont plus difficiles à prendre au sérieux mais ont le mérite d’avoir été osés. Les couleurs qui teintent ce noir et blanc magnifient le récit et apporte une véritable plus-value romantique.
Il est difficile d’en parler comme étant un film réussi ou raté, le cinéma n’étant encore qu’à ses balbutiements, reste néanmoins que ce Alice in Wonderland est une archive surprenante qui ne laisse pas indifférent, encore aujourd’hui.
31/07/23