Cette histoire de soucoupe volante me passe totalement au-dessus de la tête. Tout le monde le reconnaît, et je l’ai tout de suite défendu en voyant ses autres films, Wes Anderson a une identité visuelle singulière et formellement maîtrisée. Les compositions symétriques, les travellings droits, les panoramiques de 90°, les couleurs, l’usage qu’il fait de ses acteurs, les mises-en-abyme, les jeux sur le ratio de l’image, etc…Néanmoins, plus le temps passe et plus je me sens dépassé par ce maniérisme qui tourne à la parodie. Ce qui me semblait être dans The Grand Budapest Hotel, que j’ai vu adolescent, une façon riche et nouvelle de raconter des histoires touchantes semble désormais dépeindre une certaine vacuité. Son perfectionnisme ne m’est plus si impressionnant.
Il y a bien entendu des qualités et des choses à défendre dans ce Asteroid City ! Il est vrai, il faut le reconnaître, que le noir et blanc est léché et que les couleurs pastels sont d’une grande beauté. La scène de nu de Johansson est plutôt réussie, il y a quelque chose d’amusant dans ce plan, elle est cadrée uniquement au niveau de ses jambes pour ne pas montrer le corps dénudé, mais le miroir est frontal. le reflet dans le miroir suffisamment flou pour respecter la pudeur de l’actrice tout en nous plaçant dans la même stupeur que Jason Schwartzman. On comprend l’évolution de la relation des personnages, mais cet aspect trop contrôlé lui fait perdre tout charme. Il est également vrai que l’extraterrestre est plutôt marrant, il a une vraie attitude avec ses yeux globuleux, son corps dégingandé, sa prudence et sa timidité, on dirait un grand anxieux, son style graphique dénote sympathiquement du métrage.
Nul doute que Wes Anderson a un véritable amour pour le septième art en tant qu’artisanat, la technique lui plaît. Mais une fois la forme passée, emballage plastique fleuri, que reste-t-il du fond ? Un bonbon se cache-t-il sous tous ces colorants ? Hélas, je crois que je ne m’y retrouve absolument plus, je ne sais plus où il veut aller ni ce qu’il veut m’exprimer. Ce maniérisme semble tant être devenu une obsession pour Anderson qu’il n’arrive plus à délivrer d’émotions, je n’ai cru que si peu à son histoire, à ses personnages. Anderson s’amuse, grand bien lui fasse, mais de mon côté ça ne me fait plus rire.
04/08/2023