Si on m'avait demandé d'attribuer une note à ce film à ma sortie du cinéma en 2010, j'aurais très certainement donné quelque chose comme 6 sur 10. Tout ça à cause de l'estime que j'avais pour Tim Burton et qui m'empêchait de le juger sévèrement.
Avec le recul, cinq ans plus tard et d'autres visionnages, je peux clairement diviser la note par deux, et encore, je me trouve presque généreuse.
Déjà en 2010, toujours en sortant du cinéma, j'avais été relativement déçue avec, au passage, le sentiment d'avoir été légèrement arnaquée. Tout simplement parce que le film s'intitule Alice au pays des Merveilles, alors qu'il n'est en fait qu'un prétexte pour mettre en scène le cabotinage de Johnny Depp. Et c'est bien là le plus gros reproche que je fais à ce film, même si c'est loin d'être le seul.
Ce n'était pourtant pas vraiment une surprise. A l'époque toute la promotion avait tourné autour de la présence de Johnny Depp dans ce film, au détriment de Mia Wasikowska qui était tout de même censée tenir le rôle titre. Certes elle était presque inconnue à l'époque, mais j'avais été gênée par la mise en avant constante de Johnny Depp et j'espérais secrètement qu'il n'en serait pas de même dans le film, naïve que j'étais.
Malheureusement Johnny Depp vampirise tout, et ce dans le mauvais sens du terme. A cause de la mise en scène déjà, visant clairement à mettre le personnage du Chapelier Fou en lumière, alors que la lourdeur de l'interprétation de Johnny Depp, en mode « Jack Sparrow » pour une énième fois, suffit amplement. Or visiblement personne n'a remarqué que le Chapelier Fou et Jack Sparrow n'avaient rien à voir l'un avec l'autre. Si Johnny Depp n'est pas un mauvais acteur en général, il nous offre ici un mauvais Chapelier. Cependant il n'a pas tous les torts, heureusement pour lui. L'écriture même des personnages est médiocre. Le Chapelier amoureux d'Alice ? Vraiment ? La Guiguendélire, genre de tecktonik du pays des Merveilles ? Non mais franchement…
Quant au scénario, il est vide, simpliste et cousu de fil blanc à cause de la prophétie. Je peux apprécier un film malgré un scénario prévisible de bout en bout, pour peu qu'il propose quelque chose à côté. Sauf qu'on ne nous propose rien. Où est passée la poésie de Tim Burton ? On ne la trouve nulle part. Et certainement pas dans les décors qui sont hideux, du moins pour la partie « pays des Merveilles ». Un comble ! Burton use et abuse du fond vert. D'ailleurs je préfère de loin les scènes se passant en dehors du pays des Merveilles, qui sont esthétiquement plus agréables à l’œil que la débauche d'effets numériques.
Les points positifs sont d'autant plus rares que secondaires. Notamment l'interprétation de Mia Wasikowska. Certains la trouvent peu expressive, mais en ce qui me concerne j'ai trouvé sa retenue très agréable dans cette débauche de numérique, de maquillages et d'attitudes outrancières… Elle apporte un vent de fraîcheur à ce film empêtré dans ses lourdeurs tant scénaristiques que visuelles. Malheureusement ce point positif est « secondaire » car elle n'a pas la place que devrait être la sienne, puisque Johnny Depp est LA star de ce film. Anne Hathaway est correcte dans son interprétation de Reine Blanche hallucinée. Quant à Helena Bonham Carter, je suis plus mitigée et je n'arrive toujours pas à savoir si j'ai aimé ou non. A la limite ça n'a aucune importance car ce n'est pas ça qui sauvera ce film.
En bref, un film à coller devant des enfants lors d'un sombre jour d'hiver pour les occuper, mais c'est à peu près tout. J'aurais au moins pu mettre la moyenne parce qu'Alice au pays des Merveilles est regardable, mais pour tout l'agacement et la frustration qu'il m'a procuré, mais aussi pour l'abominable chanson d'Avril Lavigne en guise de générique, ce ne sera qu'un 3.