Alice,devenue capitaine d'un bateau,revient en Angleterre après une lointaine campagne maritime.Contrariée par son ex prétendant Hamish,qui la vire car il est devenu son patron,elle se rend à une réception dans le manoir du goujat et y trouve un miroir à travers lequel elle passe,ce qui la ramène à Wonderland,où elle découvre ses amis bien en peine car le Chapelier Fou est en pleine dépression car il a acquis la certitude que sa famille,depuis longtemps carbonisée par un dragon,serait encore en vie,mais personne ne veut le croire.Sauf Alice bien sûr,qui va partir à la recherche de la vérité et vivre de multiples aventures.Maintenant que Disney s'est lancé dans les adaptations live de ses dessins animés,rien ne peut arrêter la maison Mickey.Que faire après les lives?Des suites de lives,évidemment!Et tout le monde y a droit,Blanche-Neige,la Belle au bois dormant,alors pourquoi pas Alice au pays des merveilles?Donc,six ans après le film de Tim Burton,voici cette sequel bien faite mais peu inspirée.Burton a abandonné la réalisation mais reste présent en tant que coproducteur,associé à Disney et à Johnny Depp.C'est l'Anglais James Bobin qui prend la relève derrière la caméra,un poste qu'il doit sans doute à ses précédentes réalisations,des films de Muppets.Comme "Alice" est un univers riche en créatures bizarres et extravagantes nécessitant animation et effets spéciaux,ses compétences en la matière semblaient en faire l'homme de la situation.De fait,le visuel sauve l'oeuvre de la faillite totale,d'autant qu'une équipe de choc a été mobilisée et a effectué un beau travail.Le décorateur Dan Hennah,la costumière Colleen Atwood,le maquilleur Peter King et les responsables des effets visuels Neil Corbould et Ken Ralston ont accompli des prodiges et brillamment matérialisé un monde et des personnages colorés et insolites.La photo de Stuart Dryburgh abuse des tons sombres,mais c'était déjà le cas dans le premier opus,probablement une ambiance voulue.Danny Elfman,le compositeur attitré de Burton,signe une musique médiocre très éloignée de ses standards de qualité habituels.La scénariste Linda Woolverton,déjà auteur de l'assez moyen épisode précédent,se lâche et se plante,allant encore plus loin dans la trahison de l'oeuvre de Lewis Carroll.Nous avons donc affaire à une Alice nettement plus vieille que celle des romans,la fillette devenant une jeune femme,qui est transformée en une sorte de super-héroïne bondissante et intrépide,énième avatar des ravages d'un féminisme débile.Elle est d'ailleurs d'une stupidité sans borne,s'ingéniant à accumuler les initiatives désastreuses avec un entêtement asinien.L'histoire repose sur son parcours à travers les différentes régions de Wonderland et les époques,dressant un historique des principaux personnages,puisque nous découvrons l'enfance et les traumatismes y afférent du Chapelier Fou et des deux soeurs que sont La Reine Blanche et la Reine Rouge,ceci débouchant sur des enjeux pathétiques,un chapeau moche et des tartelettes.Alice dérobe au Temps la chronosphère,une petite boule métallique qui se change en grosse sphère quand on la fait rouler,et qui devient alors un engin volant capable de voyager dans le temps.Les actions d'Alice dans le passé risquent de modifier le présent,et pas en bien,mais elle n'en a cure et poursuit sa quête insensée.Naturellement,la fin,qui comme chacun sait justifie les moyens, donnera raison à son entêtement imbécile.Tout se termine dans l'invraisemblance ahurissante et la niaiserie crasse,mais on s'y attendait un peu.On est bien loin du dessin animé d'autrefois,et plus encore de Lewis Carroll,qui a effectivement écrit une suite à "Alice au pays des merveilles" intitulée "De l'autre côté du miroir",mais c'est un récit qui n'a rien à voir avec le gloubi-boulga agité et confus qu'on nous inflige ici,et dont la morale serait qu'il faut toujours croire à ses rêves pour qu'ils se réalisent.C'est complètement con mais la pensée magique est à la mode,on pense inévitablement à Jean-Claude Dusse et son immortel "oublie que t'as aucune chance et fonce,sur un malentendu ça peut marcher".Dans le monde merveilleux d'Hollywood,ça marche à tous les coups,hélas pour le jeune public qui gobe ces âneries et se prendra plus tard violemment le mur de la réalité.Une scène fait espérer une incurvation du script,celle où Alice se réveille dans un hôpital.On se dit que la fille est dingo et que ses aventures sont le fruit d'un cerveau malade,ce qui complexifierait quelque peu le récit.Mais non,c'était juste un évènement aléatoire sans rime ni raison,et les péripéties idiotes reprennent leur cours majestueux.Tous les personnages traditionnels du roman et des films sont de retour,même si la plupart ne servent à rien.Il y a là le Chat du Cheshire,le Lièvre de Mars,le Lapin Blanc ou les jumeaux albinos Tweedledee et Tweedledum,mais c'est surtout le Chapelier Fou qui est mis en valeur.Et pour cause,il est interprété par Johnny Depp,un acteur qu'il est dommage de ne pas mettre en avant lorsqu'on l'a sous la main,chose qu'avait pourtant fait un Burton sous-utilisant son comédien fétiche dans "Alice".L'erreur n'a pas été répétée ici,et on exploite largement la dilection de Johnny pour les personnages originaux au look déjanté,le Chapelier rejoignant la galerie des Edward aux mains d'argent,Jack Sparrow ou autres Willy Wonka.Mais sa performance n'est franchement pas terrible,la faute peut-être à un Chapelier sans grand relief.Mia Wasikowska,qui reprend elle aussi du service en Alice,ne s'arrange pas à vieillir.Moche et terne,elle peine à faire exister la petite dinde qu'elle incarne.Il y a plein de stars,principalement britanniques, dans ce casting,mais la plupart ne font que se ridiculiser.Helena Bonham Carter cabotine à mort en Reine Rouge,Anne Hathaway est transparente en Reine Blanche,Rhys Ifans a trop peu de temps pour exister en père du Chapelier,Ed Speelers et Richard Armitage ne font que passer.Seul l'insubmersible Sacha Baron Cohen parvient à faire le show dans le rôle du Temps.C'est lui le grand acteur excentrique de notre époque,et il le démontre une fois de plus en explosant l'écran.

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