Alice (Anaïs Demoustier) et le maire (Fabrice Luchini) de Nicolas Parisier vaut surtout pour la composition et l'écriture des deux personnages têtes d'affiche. C'est un film qui n'existe presque que pour et par l'interprétation impeccable des deux acteurs dans des rôles taillés sur mesure. C'est aussi un film sur la politique (le personnage du maire) et sur la philosophie (le personnage d'Alice), deux mondes qui s'entrechoquent tout le long du film.
Fabrice Luchini joue donc le maire de Lyon, un maire un peu fatigué, qui est en manque d'inspiration et un peu lassé par la politique. Bref, il n'a plus d'idées neuves, c'est pourquoi il sollicite l'aide d'une philosophe. Anaïs Demoustier sera donc Alice, une jeune professeure de philosophie qui est catapultée à la maire dans un poste pas très bien défini, si ce n'est celui de trouver des idées pour le maire, l'aider à penser. Elle lui parle donc de philosophie pour l'aider à retrouver l'inspiration.
Le film ne décolle vraiment que lorsque ces deux mondes, la politique et la philosophie, sont représentés ensemble à l'écran, avec Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini qui se jaugent et se challengent par les mots. Cette rencontre entre les deux mondes est assez drôle et les dialogues sont vraiment bien écrits ... et heureusement j'ai envie de dire, car le film est très bavard.
Par contre, dés que Nicolas Parisier met de côté l'un des deux personnages principaux pour ne se focaliser que sur l'un ou l'autre, le film perd beaucoup en intérêt. Le seul fil rouge qui maintient l'intérêt chez le spectateur, c'est l'attente de la rencontre entre Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini. C'est l'humain et les relations humaine qui nous intéresse ici et pas forcément la politique ou la philosophie. Lorsque le film se concentre sur la politique ou sur la philosophie, on s'y perd un peu avec tout ce jargon, surtout que les dialogues fusent à vitesse grand v.
Alice et le maire est un film fort sympathique, mais voilà ... au final, on reste un peu sur notre faim. Et ce n'est pas la faute des deux acteurs qui s'en sortent avec les honneurs, avec Fabrice Luchini qui fait du Luchini (sans trop en faire) et Anaïs Demoustier qui fait à la fois preuve de conviction et d'intense passion. Je retiens surtout une scène du film, située vers la fin, qui est vraiment formidable. C'est un long plan séquence avec Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini qui réécrivent un discours politique ("le discours de ma vie"). La qualité des dialogues et la performance des deux acteurs s'unissent pour magnifier cet instant. Mais voilà, c'est bien gentil tout ça, mais ça manque d'ampleur et parfois ça ressemble plus à un téléfilm qu'à un vrai film de cinéma.