Jacen - Trip in Asia

Alice In Earnestland (2015) - 성실한 나라의 앨리스 / 90 min
Réalisateur : Ahn Gooc-Jin – 안국진
Acteurs principaux : Lee Jung-Hyun – 이정현 ; Lee Hae-Young – 이해영 ; Seo Young-Hwa – 서영화 ;
Mot-clefs : Corée ; Thriller ; Film indépendant.

Le pitch :
Une conseillère sociale voit débarquer dans son bureau une jeune femme iconoclaste qui va la retenir prisonnière pour lui raconter son histoire. Elle s’appelle Su-Nam et travaille comme comptable dans une usine où elle a rencontré son mari sourd. La vie de Su-Nam, travailleuse assidue peu récompensée pour ses efforts, est pour le moins étrange et inattendue.

Premières impressions :
Diffusé l’an dernier au FFCP 2015, Alice in Earnestland est un film qui a connu son petit succès dans divers festivals en Asie (Grand prix du Jeonju IFF ; Nouveau réalisateur au Hong Kong AFF ; Meilleure actrice au Blue Dragon…) mais qui est resté assez confidentiel en salles avec seulement 44 000 entrées en Corée et qui bien évidement n’a jamais connu de diffusion en France en dehors de quelques évènements ponctuels. Internet faisant toutefois son office, j’ai pu rattraper mon retard dans les (presque) conditions de festival, c’est-à-dire sans rien ne savoir du film de plus que son affiche.

Avec un titre pareil, je m’attendais plutôt à une sorte d’Alice McGee façon comédie loufoque coréenne, un horrifique assumé revisitant le mythe de Lewis Carroll dans une Corée modernisée. Raté. Malgré quelques accents comiques, le film tire beaucoup plus sur le thriller indépendant que sur la grosse poilade et ne conserve de l’œuvre originale qu’un côté rêve qui tourne doucement au cauchemardesque.

Le film commence par la fin, lorsque Su-Nam, l’Alice de Ahn Gooc-Jin, débarque dans le bureau d’une conseillère sociale, la moleste sans ménagement et lui raconte son histoire. Le film est alors composé de flash-back de la vie de Su-Nam qui plonge de malchance en malheur et de malheur en horreur. De guillerette, l’image devient de plus en plus sombre puis tourne au thriller coréen un peu trop classique. Hélas, si le film n’est pas trop mal réalisé, il n’atteint pas la qualité visuelle des thrillers à gros budget et perd un peu de son originalité au fil de l’intrigue.

En fait je trouve que le film a un peu le cul entre deux chaises et que son approche loufoque fonctionne mal avec la violence de sa seconde moitié. Peut-être parce que ce ton décalé ne disparaît jamais vraiment. Si au début le loufoque permet de créer un malaise grâce une foule de petits détails, il ne disparaît jamais vraiment et vient « soulager » la seconde partie du film beaucoup plus noire. Le loufoque venant toujours un peu atténuer l’horreur, je me suis un poil ennuyé. J’aurais mieux aimé un film un peu plus caustique.

Côté jeu, je trouve aussi le film un peu inégal. Si j’ai bien aimé la prestation de l’actrice principale Lee Jung-Hyun (A Petal ; Night Fishing ; Split) , j’ai été beaucoup moins convaincu par les personnages secondaires qui manquent sérieusement de profondeur pour que les acteurs puissent en donner quelque chose. C’est d’ailleurs le gros point faible du film, le personnage principal est beaucoup trop seul et manque d’un second rôle à sa hauteur.

En conclusion, malgré une approche un peu différente, Alice In Earnestland est un film dispensable qui m’a plutôt déçu et ennuyé. Toutefois, je suivrai avec attention le parcours de son réalisateur qui peut certainement faire mieux s’il dispose d’un plus gros budget.