Comment diable Scorsese a-t-il pu tourner un an avant Raging BullAlice n'est plus ici ? Le fossé entre eux semble si vertigineux qu'on croirait presque avoir sous les yeux un «faux», un piètre contrefaçon de maître.
Certes le défi de raconter les galères d'une mère célibataire (ou plutôt jeune veuve) un peu paumée, complètement prise au dépourvu face aux difficultés de la vie (elle qui doit soudainement se réveiller, s'extraire de son rêve d'enfant, sortir de l'ombre de son mari sous laquelle elle se protégeait et affronter la réalité la plus crue et cruelle) nous paraît au regard de l'époque tout à fait honorable et visionnaire. Par ailleurs, comment rester insensible aux charmes du jeune enfant, véritable moulin à paroles, à la gouaille intrépide et au sens de la répartie d'un adulte, aussi touchant que casse-pieds?
Néanmoins, Scorsese commet plus d'une erreur de jeunesse. Tout d'abord son scénario, bourré de clichés du genre, aux événements tous plus ou moins attendus, ne tient pas la route de même que les dialogues alternent entre le bon et le franchement médiocre. Deuxièmement, il ne trouve ni le genre adéquat pour épouser son idée ni le ton juste, passant ainsi presque hystériquement du rire aux larmes, de la comédie au drame, de la chronique sociale à la bleuette à l'eau de rose ou encore au road-movie sans jamais retomber sur ses pattes. Enfin, hormis la première scène, magnifique (et la plus chère de toutes), il n'est jamais l'égal de ce qu'il a été avant et après Alice en terme de mise en scène.
5/10 quand même pour cette sortie de route, parce que c'est Scorsese.