Marty rempile pour un nouveau film de commande cette fois-ci de la Warner et proposé par l'actrice principale Ellen Burstyn. Elle demanda à Francis Coppola de lui trouver un jeune réalisateur plein d'énergie, il la redirige naturellement vers Marty Scorsese, en lui montrant son précédent film; Mean Streets.
Marty passe donc d'un film exclusivement porté par des hommes à cette fois un témoignage perçu uniquement du point d'une femme. Loin d'être un film à l'eau de rose, ce métrage se place à la naissance du mouvement de libération des femmes et comme souvent dans le cinéma de Scorsese, le film est très représentatif de son époque. L'histoire n'est pas présentée comme Hollywood le faisant, ici, avec l'avènement du Nouvel Hollywood, nous sommes témoins d'une forme de réalisme qui s'oppose au rêve.
On suit cette femme qui a perdu son mari dont elle ne partageait plus une relation fusionnelle et qui doit désormais élever son enfant seule. Elle va de petits boulots en petits boulots, toujours sous le regard menaçant des hommes. De mésaventures en mésaventures, la protagoniste sera à l'image du scénario, nuancée, remplies de fêlures et de peur mais gardant une force de survie admirable.
Marty dirige totalement l'expression filmique de l'histoire, on retrouve sa mobilité avec ses travellings circulaires, sa fluidité et ses panoramiques. Ellen Burstyn parle d'une énergie créatrice inépuisable et diffusée sur le plateau.
Possédant de nombreux moments drôles et touchants, le film met également en avant les violences physiques et psychologiques faites aux femmes. La séquence de colère avec Harvey Keitel me restera longtemps en mémoire tant son réalisme est terrifiant. Marty participe donc au renouvellement opéré par Hollywood et remplit parfaitement sa tâche dans un cinéma américain en pleine transformation.