Accouchement au forceps pour David Fincher.
Ce n'est pas peu dire que ce troisième opus a été enfanté dans la douleur. Script ambitieux de Vincent Ward réécrit et expurgé de toute son originalité, réalisateur novice incapable de s'entendre avec la production et tournant ses scènes à l'aide d'un scénario inachevé, avant de renier complètement le résultat final... Si l'ensemble est effectivement bancal à plus d'un titre et souffre d'un aspect "pas fini" imprégnant tout le film, en plus d'effets spéciaux allant du très bon (les gros plans sur l'alien) au franchement raté (les plans larges avec la bestiole en mouvement), David Fincher parvient in extremis à imposer un véritable univers baroque et craspec, noirissime et parfois biblique, compensant un ventre mou à mi-parcours par un suspense implacable rapprochant ce troisième épisode de l'opus fondateur dans son côté huis-clos horrifique. Porté une interprétation impeccable (l'implication de Sigourney Weaver fait plaisir à voir), "Alien 3" vaut largement plus que sa réputation de naufrage artistique, s'achevant dans un final jusqu'auboutiste et désespéré qui aurait été une conclusion parfaite si les producteurs n'avaient pas remit le couvert pour une quatrième aventure fun mais dispensable.
Une version longue est sortie en 2003, ajoutant quelques scènes cruciales pour la compréhension du métrage tout en transformant d'autres séquences importantes, comme la naissance de l'alien, plus marquante, et rendant tout son côté christique au final.