En 1992, Sigourney Weaver qui souhaite redonner un coup de fouet à sa carrière, propose un Alien 3. Elle déniche un jeune réalisateur, David Fincher, qui va donner un look funèbre à l'ensemble et qui prévient Sigourney qu'elle va en chier. L'héroïne débarque sur une planète transformée en pénitencier spatial peuplé de criminels endurcis qui n'ont guère l'habitude de voir passer des femmes. Elle doit se raser la tête, puis faire face à cette meute de truands terrifiants, et d'autre part, se battre contre une menace qu'elle connaît bien : les aliens, et elle aura droit d'ailleurs à une confrontation faciale impressionnante, dans un plan de folie qui est l'une des rares fois où l'on voit bien la créature baveuse.
Ce troisième opus est parfois considéré comme un maillon faible de la saga, les avis sont partagés, et moi je penche en faveur du positif, en dépit de tous les problèmes qui ont émaillé le tournage, car en fait, ces problèmes ont commencé très tôt : le studio avait déjà fait une très longue préparation, dépensé 18 millions de dollars et usé 8 scénaristes et 3 réalisateurs différents. Alien est devenu victime de son propre succès, a engendré des tas d'imitations, l'innovation devenait de plus en plus difficile. A cette époque, Ridley Scott refusa de rempiler, on évoqua Renny Harlin puis Vincent Ward qui finirent par quitter le projet par impatience devant son enlisement ; Fincher n'arrive que 2 mois seulement avant le tournage et se retrouve dans une production criblée de problèmes en tout genre, le film se termine avec 2 mois de retard et une addition de 70 millions de dollars au lieu des 40 prévus. On sait depuis qu'il a carrément renié le film qui n'était pas sa vision de départ, mais malgré tout ça, je trouve que cet Alien 3 a une sacrée gueule.
Pour moi, c'est clairement la troisième partie d'un cycle qui aurait dû rester une trilogie, car à la fin, Fincher prend soin de terminer son film par une conclusion qui ne laisse pas de possibilité de survie, c'est donc la trilogie parfaite.
Le début commence là où Aliens s'achevait, avec Ripley qui est seule rescapée du naufrage de son vaisseau échoué sur une planète habitée par une population carcérale. Il y avait évidemment tout à craindre de cette suite ; pouvait-on faire mieux que les 2 opus précédents réalisés par des gens comme Scott et Cameron ? En réalité, Alien 3 n'est pas mieux, il est différent, et il bouclera bien la boucle. Fincher ne ménage pas les détails : décors glauques où s'étalent la moisissure, la rouille et la décomposition, atmosphère lourde et claustro, mais pas trop quand même, il faut retrouver un peu l'horreur viscérale du premier opus, on y décèle le style qui sera celui de Fincher, notamment dans Seven, le réalisateur apporte indéniablement une touche personnelle très intéressante, en explorant en de vertigineux mouvements de caméra ces décors inquiétants, malgré les problèmes qu'a subi le film, c'est pourquoi je le considère certes en-dessous des 2 opus précédents, mais largement au-dessus de l'épisode 4 qui suivra et qui n'aurait jamais dû voir le jour.
Le public américain hélas s'en mêlera et trouvera le film trop sombre, désespéré et chaotique, les recettes stagneront mais les retombées à l'étranger et la dimension culte en vidéo permettront aussi de rentrer dans les frais et d'enclencher le 4ème épisode.
Parmi les autres éléments positifs, je relève de bons rôles secondaires comme Charles Dance ou Charles S. Dutton, un côté métaphysique et mystique qui donne au personnage de Ripley une dimension nouvelle, une bonne dose d'adrénaline, et un suspense approprié... bon ben tout ceci, c'est pas si mal finalement.