Peu importe que Finsher ait renié son œuvre et que cette dernière soit décriée par la "plèbe", ce alien 3ème opus m'a toujours fasciné.
Je conçois toutefois qu'il ait été critiqué, que son style visuel, ses longueurs, la distance qu'il prend avec son prédécesseur (celui de Cameron) n'aient pas été du goût de tous, et pourtant... quel film!!!
Alien 3 est avant tout un film "d'ambiance", avec une atmosphère et un style unique, la créature étant davantage utilisée ici comme celle de Ridley Scott que comme celle(s) de Cameron, à ceci près qu'elle est désormais "mobile" à l'écran, les effets spéciaux étant à l'époque en pleine (r)évolution, ce qui a permis à Finsher d'en faire un monstre organique, plus que mécanique.
Ainsi, le dernier acte mettant en scène cette course effrénée dans les couloirs labyrinthiques de la prison spatiale m'a profondément marqué dans ma jeunesse, l'alien n'ayant jamais été filmé avec autant de hargne et d'une manière aussi "animale" dans les précédents opus.
Le style graphique et l'usage du fameux filtre jaune cher à Finsher, jugé hideux par certains, participe pourtant à cette atmosphère poisseuse et dépressive, que nous retrouverons d'ailleurs dans Seven et Fight Club par la suite (et que personne ne qualifiera de "moches", bizarrement...)
Le seul réel défaut de ce film est qu'il s'étire en longueur et peut donc susciter l'ennui chez le spectateur, ce que je conçois tout à fait.
Cette sensation de lenteur est toutefois volontaire et destinée à provoquer ce sentiment d'inconfort "claustrophobique" que je trouve pour ma part particulièrement bien mis en scène dans ce film.
La menace de la créature se fait ainsi oppressante, suffocante et obsédante, le spectateur parvenant aisément à ressentir toute la détresse des personnages, piégés dans leur prison spatiale sordide sans qu'aucun échappatoire ne soit possible.
Sigourney Weaver parvient à nous surprendre une nouvelle fois et réalise ici une véritable prouesse, le personnage de Ripley n'ayant jamais été aussi fort et désespéré à la fois.
La prison, son intérieur, ses couloirs poussiéreux et ses pièces laissées à l'abandon constituent quasiment un personnage à part entière, comme une allégorie de l'enfer sur terre, la créature incarnant ici le diable et le mal absolu.
Aussi, Finsher parvient admirablement à donner un souffle épique et dramatique à son œuvre, en condamnant le personnage de Ripley, incubée par un alien, qui livrera donc (a priori...) son dernier combat contre un monstre lui ayant tout pris.
Les références symboliques, christiques et bibliques ne manquent pas et pourraient agacer tout spectateur insensible à l'ambiance que dégage ce film.
Cependant, il faut considérer alien 3 comme un film de SF horrifique (et non comme un essai théologique), et Finsher utilise uniquement ce type de références afin d'apporter du cachet à l'ensemble, et non pour nous faire la "morale" ou dans l'intention de nous apprendre quelque chose.
Je trouve en ce sens que alien 3 reste une œuvre sincère, brillante dans sa mise en scène et dans l'atmosphère qu'elle dégage, ce film ayant été injustement sous-estimé par le "grand" public (qui n'y connaît rien) et méprisé par les "fans" d'alien (qui ne jurent que par les 2 premiers).
Toutefois, les qualités de Finsher seront (heureusement) reconnues unanimement par la suite, preuve que ce film a, objectivement et sans faire preuve de mauvaise foi, forcément quelque chose d'intéressant à montrer.
Ripley se sera toutefois sacrifiée en vain, Jeunet ayant eu l’immense toupet (l'arrogance à la française) de la ressusciter dans un 4ème opus...