Quand l'alien mute, Ripley évolue.
David Fincher nous fait le coup de la Tabula Rasa non pas pour anéantir le travail des réalisateurs précédents mais pour repartir sur de nouvelles bases.Exit enfin l'artillerie lourde de Cameron qui zigouillle si facilement les créatures, pas d'armes massives sur la nouvelle planète carcérale mais une organisation humaine des plus cruciales pour supprimer le xénomorphe. Cet Alien au cube co produit par Weaver demeure un volet assez bavard pour nous exposer des symboliques religieuses évidentes où seul l'espoir d'un monde meilleur semble être la principale attente.Pour moi le film prend justement l'exact contrepied de ce que pourrait promouvoir une religion, à savoir la lutte pour la vie, ici nôtre amie Ripley n'engage pas moins qu'une lutte pour mourir et éliminer au passage dans les flammes son gluant rejeton dans le fameux saut en signe de croix. J'ai bien rigolé pendant la scène de l'échographie où elle découvre la reine alien en elle, dans la vraie vie on aurait dit "félicitation" , là on a droit à "Je suis désolé". Bref un volet qui va paraitre fade à ceux qui regardent le film au premier degré car ici tout le langage semble double.Saga sexuelle par excellence, qui se bâtit sur l'identité de l'héroïne et sur la question de l'identité en général, Ripley assume ici pourtant avec une grande féminité son rôle d'égale parmi les hommes, montrés bien souvent beaucoup plus craintifs qu'elle.Ne restera plus que le quatrième volet pour la voir muter en femme fatale.
Quelques éléments fachent néanmoins dans cet opus, j'ai trouvé les images numériques du monstre franchement pas belles et jamais, pas une seconde je n'ai ressenti la peur ou l'angoisse, là où le premier volet excellait en effets spéciaux artisanaux et en grosse tension; en même temps l'univers carcéral se limitait à un vaisseau.
Cet alien çi est humaniste, voire proche de nôtre société avec ses criminels, ses problèmes actuels et ses repentis dans une atmosphère cradingue.Et puis de toutes façons dans cette saga les vrais méchants ce sont les scientifiques et les haut placés qui donnent les ordres depuis l'hyperspace, alors Ripley elle a bien raison d'échapper à son destin.Et c'est ce que nous prouve la fin du film.