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Overture/Agnus Dei by Elliot Goldenthal:
https://www.youtube.com/watch?v=ZHuGaPsUxGE


Lors de la campagne de lancement de ce film, j'étais encore jeune et insouciant (maintenant, je suis mi-vieux mi-raisin). L’Écran Fantastique avait pondu un excellent article avec moult illustrations du regretté Hans Rudi Giger concernant l'original et celui-ci, donc.
Je voyais la (très) belle affiche s'étaler sur des panneaux publicitaire "king size" et avais vu la bande-annonce (fort bien réussie).
ALIEN³ a aussi été la première VHS neuve que je me suis acheté (180 francs de l'époque) avec mon argent de poche.
J'ai aimé ce film à l'époque, simplement parce qu'il y avait un Alien, une Ripley chauve et un score fabuleux.

Puis le temps passant, je m’aperçus des trous béants dans la narration. Non des moindres, la disparition soudaine du prisonnier Golic...

Ensuite je pris connaissance des problèmes que Fincher eut avec la production et qu'enfin, la version cinéma n'était qu'un brouillon (bien avancé, il faut admettre) remonté en dépit du bon sens, par les producteurs et la Fox.

Vint l'avènement du DVD et avec lui, la ré-édition du film en version longue, appelée l'Assembly Cut.
Dès lors, je pus enfin visionner ALIEN³ dans une version plus aboutie - bien que non Director's Approved - et je découvris enfin une continuité plus à propos, concernant Golic et tout le reste.

Que penses-je d'ALIEN³, aujourd'hui...

Exit le lien maternel Ripley/Newt et la romance avortée Ripley/Hicks au pays des Xénomorphes, mais cela dit, l'assemblage des différents scripts pendant la genèse de cette troisième aventure, nous donne un script intéressant car traitant après tout du paroxysme de la vie très mouvementée d'une simple navigatrice.
On a échappé:

  • au planétoïde en bois (version Vincent Ward),
  • à des Aliens mutants (version William Gibson) !!!,
  • à un virus Alien contaminant une petite ville et sa faune, donnant des moustiques/Alien, des poules-Alien...(version Eric Red),
  • à différentes castes d'Alien dont un caméléon (version David Twohy)...

De tout ce bric-à-brac, n'est finalement retenu :

  • qu'une planète-prison (Twohy),
  • des codes-barres pour les prisonniers (Gibson),
  • un archaïsme quasi-médiéval (Ward).

Ces idées sont reliées entre elle par un canevas dû à Walter Hill et David Giler (associés dans la compagnie productrice de la saga - Brandywine Productions - et créateurs du perso de Ripley) dans un script non-finalisé à l'heure du tournage (quelques bricoles furent rajoutées en cours de route mais la structure narrative principale était déjà bien là et je peux en témoigner, après lectures des différents scripts incluant les deux dernières versions, qui donnèrent lieu au récit final).

Après divers réalisateurs pressentis (dont Renny Harlin et Vincent Ward), le feu vert est donné par la Fox.

Renny Harlin travaille sur le film pendant presque une année avec le script d'Eric Red, puis quitte le navire pour un autre film Fox: Die Hard 2.
Vincent Ward restera aussi quelques mois et c'est lors de son séjour que les premiers décors seront d'ailleurs construits sous l'égide du talentueux Norman Reynolds.
Mais sa vision très spécifique (un planétoïde en bois abritant un monastère dans un style moyenageux) recelant quelques invraisemblances scientifiques (une atmosphère de moins de deux mètres d'épaisseurs qu'un des personnages franchit allègrement, la construction de ce dit planétoïde uniquement fait de bois et résistant à la pression, blah...) achèvent de semer le doute sur sa vision et il sera donc remercié...

C'est alors que David Fincher est parachuté sans crier gare derrière le combo du réal.
Le tournage principal commence et les désaccords aussi...

Des cadres de la Fox (spécialement Ezra Swerdlow)se pointent tout les jours pour surveiller l'avancée des "travaux", mettant Fincher sous pression. Ils donnent des ordres, tandis que le scénario est ré-écrit à la demande.
La vision de Fincher ne plait pas aux exécutifs, et ceux-ci prennent donc le contrôle du film...
...et sabrent dans le Workprint...

Fincher en a ras la casquette et s'en va.

Niveaux effets visuels, il faut croire que Richard Edlund a manqué de temps, au vu des catastrophiques différences entre l'Alien/costume et l'Alien/puppet.
Les incrustations sur fond bleu sont assez moches et sur ce point, ça diminue toujours mon plaisir quand je revisionne le film.
De fait, je suis en train de retravailler les scènes incriminées image par image et au rythme actuel des choses, je finirai sûrement dans un ou deux ans...

La Fox et Brandywine bidouille un montage grossier car la date de sortie approche.
Le film sort en mai 92 aux USA et malgré le manque de cohérence et la qualité aléatoires des effets visuels, le film rapporte plus de deux fois sa mise.
Pas un échec commercial, donc. mais les critiques sont mitigées.

Fort heureusement, en plus de la qualité et du style de la réal de Fincher (ah, ces plans tournoyants dans les coursives!!), le score grandiose d'Elliot Goldenthal apporte une réelle dimension tragique à l'ensemble.

Il est à noter que la dominante jaune de la photographie (parfois décriée) est pourtant un réel hommage à l'Alien de Ridley Scott.

En effet, le directeur photo initialement engagé était le regretté Jordan Cronenweth, qui avait éclairé le plus beau film de Scott, soit Blade Runner...
Pour les plus observateurs d'entre vous, il y a de fortes réminiscence de la photo de Blade Runner dans le film suivant de Scott, le sous-estimé Legend.
La majorité des scènes clair-obscurs se déroulant dans l'antre de Darkness rappellent immanquablement et Alien (alors éclairé par Derek Vanlit) et Blade Runner.
Scott étant un réal (était un réal) ayant une réelle vision, les trois films ont donc le même style d'éclairage inimitable.

Mais Cronenweth étant déjà gravement malade lors du tournage d'ALIEN³, il fut remplacé par le regretté Alex Thomson...qui avait déjà éclairé Legend !

Et c'est donc tout naturellement que le style Cronenweth /Thomson utilisé chez Scott refait son apparition dans cet ultime chapitre de la trilogie, abandonnant le bleu utilisé par Adrian Biddle chez Cameron pour retourner aux origines.

Donc pour les quelques énervés hurlant sur la photo d'ALIEN³, observez, apprenez et réfléchissez avant de parler...

Wreckage and Rape byElliot Goldenthal:
https://www.youtube.com/watch?v=XtUUxu0QiyM

ALIEN³ est donc le chant du cygne de cette malheureuse Ellen Ripley, qui a vécu 87 ans (en comptant les 57 ans d'errements dans l'espace après la destruction du Nostromo et son suicide sur Fiorina 161) d'une manière assez tragique, il faut le dire.
Elle perdra en effet et sa fille naturelle (Amanda) et sa fille de cœur (Newt), l'éventuel homme de sa vie (Hicks) et beaucoup d'amis (dont son chat Jones).
Ce dernier épisode de la trilogie (Resurrection étant à classer dans le rayon "parodie" et le diptyque Prometheus et Co(n)venant n'étant que de ténébreuses choses révisionnistes...) est donc le chemin de croix de cette femme qui n'en demandait pas tant.

En faisant abstraction des incrustations ratées de la marionnette (de belle taille car quasiment un mètre en comptant la queue) filmée sur fond bleu, le film de Fincher (car la majorité du scénario était déjà terminé lors du tournage, donc le réal reste quand même l'artisan principal du film) demeure un diamant noir depréssif, où Fiorina 161 fait figure d'antichambre de l'Enfer (plus encore dans l'Assembly Cut).
Outre le fait qu'elle apprend que son utopique seconde vie (incluant Newt et Hicks) restera chimère à jamais, Ripley atterrit dans ce monde carcéral où elle est l'unique représentante de son genre et par extension, la tentation ultime.
Drame spatial, ce dernier chapitre est une digne conclusion pour cette saga initiée en 1979...

Assembly Cut

En 2002, Charles de Laurizika (documentaliste déjà auteur de plusieurs fabuleux making of comme "Superior Firepower", "The Beast Within") se charge - en marge du making-of d'ALIEN³ pour la version DVD - de remonter le film en réinsérant une bonne partie des scènes coupées au montage par la production en 1991 (malheureusement, il manque à l'appel la fameuse scène d'autopsie originelle du corps de Newt) avec la bénédiction de Fincher himself (qui devait y participer mais refusa au dernier moment).

Ainsi naquit l'excellent Assembly Cut qui se rapproche bien plus de la vision voulue par Fincher (avant son départ définitif des plateaux de tournage) que la désordonnée version cinéma...


Ainsi:


    • la première séquence sur Fiorina voit Clemens (et non les autres prisonniers) aller jusqu'à la capsule de sauvetage et d'y récupérer le corps noirci de Ripley,
    • les corps de Newt et Hicks sont récupérés et amenés à la morgue: Clemens demande à Ripley pourquoi elle tient tant à autopsier le corps de la fillette,
    • un boeuf mort est pendu par les pattes postérieures puis un Xenomorphe déjà formé s'en extirpe (pas de Chestbusters ici, car l'embryon a pris les capacités bovines de son hôte et de fait, le nouveau-né se comporte comme un jeune bovidé qui se rapproche d'un faon dans son allure générale) et donc, pas de chien ici,
    • Dillon impose à deux prisonniers de travailler avec Golic, que tout le monde prend pour un illuminé,
    • on retrouve le personnage de Golic qui tient le Xenomorphe comme Nouveau Dieu, la scène du piège dans un silo à munition reprend naturellement sa place (et Golic se chargera de libérer son Dieu, qui le remerciera en l'exécutant)

    Ne reste plus qu'à espérer que l'âge (et donc la sagesse) aidant, sieur Fincher se réconciliera avec Brandywine et la Fox, pour nous sortir SA vision d'Alien 3!
    En attendant, nous avons droit à cet excellent Assembly Cut et ce, même si ce n'est pas un montage approuvé par Fincher.

  • "This is Ripley, last survivor of the Nostromo, signing off."
    End Credits by Elliot Goldenthal:
    https://www.youtube.com/watch?v=xhXw2c5HagI

    Franck_Plissken
    9
    Écrit par

    Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les plus belles affiches cinéma., Massacre sur la Table de Montage., Toute première fois..., Un film, des scénarios. et Xenoworld: The Dark Star Beast

    Créée

    le 21 mai 2022

    Modifiée

    le 11 janv. 2025

    Critique lue 570 fois

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    22 commentaires

    The Lizard King

    Écrit par

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