Quel magnifique papillon !
Enfin, non. Celui-ci n’a rien de magnifique. Jean-Pierre Jeunet a réussi l’exploit de rendre un Xénomorphe absolument hideux, là où ses grands-frères étaient d’une noirceur classe.
Alien : la résurrection, c’est le premier Alien que j’ai eu l’occasion de voir en entier et, pour tout vous dire, je suis tombée amoureuse de ce film. Entre l’équipage du Betty et les créatures interstellaires rusées et revanchardes, il y avait exactement tous les ingrédients pour me faire plonger tête baissée dans cette univers étrange. Moi qui adore les gueules cassées et les héros qui sortent des canons de la beauté hollywoodienne, j’étais servie. Entre Ron Perlman, Dominique Pignon et Sigourney Weaver, j’avais mon lot de têtes anti-sexy. Une mention toute particulièrement spéciale à Perlman (Johner) en brutasse, basse de plafond, terrifié par une minuscule araignée. Le prince charmant rêvé…
Ensuite, il y a les créatures (moins une, sur laquelle je reviendrai plus tard). Sombres, métalliques, leurs double-mâchoires dégoulinante d’une salive cristalline, elles vous fixent du regard sans avoir un seul œil visible. Elles apprennent à la vitesse de l’éclair, se déplacent sous l’eau avec l’agilité et la grâce d’un serpent, et traquent leurs proies – humaines – avec la même finesse d’esprit qu’un tueur en série (et autant de délicatesse qu’un t-rex affamé). J’aime les créatures néfastes et surkiffe celles qui se révèlent avoir le même niveau de cruauté que la lie de l’Humanité. Le Xénomorphe cumulant à la fois la beauté et le sadisme, je ne pouvais que tomber amoureuse à nouveau.
Quant à l’histoire, le fait de ne pas avoir vu les précédents opus ne m’a pas gêné pour suivre le déroulement des actions et saisir le drame entourant le lieutenant Ripley. Cette renaissance non-souhaitée, ce nouveau corps doté de capacités qu’elle apprécie et abhorre tout à la fois, cette fureur mêlée de dégoût à la découverte des expériences ratées de l’équipe scientifique, cet entrelacs d’effroi et d’extase à la libération des créatures, cet apaisement, enfin, au creux des bras de la reine, avant que le film ne s’achève sur ce mélange amer où la joie d’être toujours en vie se bat avec le déchirement d’une mère infanticide. Tout ça filmé dans une atmosphère singulière propre au réalisateur. Brillant.
En fait, le seul défaut de ce film, c’est le Xénomorphe final. Cette chose blanchâtre, à la poitrine tombante et dotée de grandes billes noires qui vous scrute d’un air suppliant avant de vous lacérer le bide. Ce mélange improbable d’humain et d’alien, qui, certes, bave moins que la créature d’origine, mais qui n’en reste pas moins répugnant à souhait. Je ne saurais même pas vous dire ce qui me dégoûte le plus chez lui : cette langue effilée et visqueuse, ce petit ventre rebondi de grand-père, ce regard de cocker mouillé ou cet appendice frémissant qui lui sert de nez (rien que d’y penser, j’en ai des frissons…). D’ailleurs, sa fin est à son image : atroce. Immonde. Berk !
Hormis cette scène que j’hésite toujours à regarder dans son ensemble, je dévore tout le reste le sourire aux lèvres, ravie de voir cette bande de baroudeurs de l’espace mis en déroute par des êtres dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence. De fait, pour moi, n’en déplaise aux fans, ce volet est le meilleur de la saga, en deuxième position derrière le premier.