Voici le film qui a révélé un monstre aussi terrifiant que fascinant de par sa prédation et sa sensualité. Alien est une plongée, un voyage, une exploration autant psychologique que physique dans la terreur.
Le film installe une lenteur temporelle faisant ressentir que le trajet stellaire est long et que la Terre est encore très éloignée. Il y a une quiétude froide, dans laquelle heureusement les membres de l'équipage du Nostromo, sortis de leur hypersommeil, arrivent à réchauffer dans des instants de convivialité. Au début. Jusqu'à ce que les premières tensions émergent, révélant plus les caractères distincts des personnages, lorsque la créature est entrée à bord et que toute joie part en fumée dès que cette dernière transperce le ventre du pauvre Kane (John Hurt) à peine sorti du coma. Alors on se sent plus rassuré à côté de Ripley (Sigourney Weaver), à cheval sur les règles de quarantaine qui n'ont pas hélas été respectées, ou bien du costaud Parker (Yaphet Kotto), un des deux mécaniciens du cargo spatial qui voudra en découdre après que son pote, Brett (Harry Dean Stanton), le benêt sympathique de l'équipage, a été tué sauvagement par le monstre. On ressent un certain mépris envers le capitaine Dallas (Tom Skerritt) qui semble sourd de l'opinion d'une Ripley soupçonneuse et l'empathie se manifeste rarement pour Ash (Ian Holm), l'officier scientifique chargé des recherches pour lutter contre la bestiole qui lui inspire une admiration évasive. Ce film arrive à nous transmettre une terreur, souvent par le biais de Lambert (Veronica Cartwright) devenant plus hystérique chaque fois que l'équipage se voit se réduire peu à peu, faisant paniquer par ses cris le capitaine Dallas dans les conduits d'aération sombres et suintants, ou incapable de bouger quand la créature apparaît face à elle en vue d'une issue fatalement désespérée, que même la bravoure de Parker ne pourra remédier. On n'oubliera pas Jones, l'insouciant chat de l'équipage qui créera quelques tracas et contretemps, ajoutant alors un stress supplémentaire dans l'urgence de survivre devant un danger redoutable.
Ce grand classique horrifique du cinéma de science fiction avait assez traumatisé après un premier visionnage. Il fascine toujours, dans sa première partie surtout, pendant l'exploration du planétoïde aux paysages peu accueillants et soufflés par des tempêtes nocturnes, avec ce vaisseau échoué aux formes improbables qui ne pouvaient sortir que de l'imagination du concepteur de l'alien, le suisse H.R. Giger, créateur aussi du cockpit immense où repose, fossilisé sur son siège, cet étrange pilote géant.
La bande son peut jouer beaucoup aussi sur l'émoi du spectateur, avec ses flûtes tutoyant le vide et le froid de l'espace hostile et ses sections de violons tissant de l'effroi dans les tripes ou faisant surgir quelques flots d'adrénaline dans les veines.